lectures de Janvier 2014

Le mois de Janvier peut-être qualifié d’orgie livresque aux vues de la liste qui suit… L’enthousiasme pour la pile de livres arrivés à Noël, sans doute… Certains ont déjà leurs chronique, auxquelles, je vous renvoie. J’ai été très infidèle à Arsène ce mois-ci, les livres Holmésiens ayant été légion sous le sapin :

Sherlock Holmes and the Hentzau affair de David Stuart Davies, Le Mystère Sherlock de J.M. Erre et Les Exploits de Sherlock Holmes d’Adrian Conan Doyle et John Dickson Carr (chronique à venir). Enfin, chez J.M. Erre, Lupin n’est pas loin malgré tout…

hentzau

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mystère sherlock

j’en suis revenue au gentleman-cambrioleur grâce à  Arsène Lupin de A à Z de Philippe de Côme et quelques relectures (notamment Arsène Lupin contre Herlock Sholmès… allez donc faire un tour du côté de ma page Les Aventures d’Arsène Lupin pour en savoir plus!)

al de a à zEnsuite, ce fut une lecture « sérieuse » en rapport avec L’ami Arsène, puisqu’elle concernait le créateur d’un de ses illustres émules, Edgar Pipe. Arnould Galopin de Pierre Chevallier retrace la vie et les oeuvres d’un auteur populaire injustement oublié. Une chronique complète arrivera à l’occasion du 151ème anniversaire de sa naissance, le 9 février prochain.

couverture biographie

J’ai continué à revisiter mes classiques avec La princesse de Montpensier de Mme de Lafayette (suivi de La Comtesse de Tende). J’étais curieuse de lire ce court texte depuis que j’avais vu le film de Bertrand Tavernier (chroniqué ICI). J’avoue que le film a offert un souffle épique à ce texte court qui  est plus éducatif qu’épique (l’adultère à l’époque, on ne plaisantait pas  avec ça 😉 ).

montpensierPrésentation éditeur :  A la fin de la Renaissance, le duc de Guise s’éprend de Mlle de Mézières. Mais bien qu’elle l’aime aussi, la jeune fille est contrainte d’épouser le prince de Montpensier. Trois ans plus tard, un jour qu’il a perdu son chemin près du château de la princesse, le duc la rencontre au bord d’une rivière où elle est venue se reposer : elle rougit à sa vue, et lui-même comprend aussitôt que sa propre passion n’est pas morte.
Publié en 1662, le court récit de La Princesse de Montpensier fonde l’art classique de la nouvelle. Plus concise encore, et sans doute écrite la première, La Comtesse de Tende, qui resta inédite jusqu’au XVIIIe siècle, raconte elle aussi l’histoire d’un amour adultère, mais d’une noirceur plus grande. Car la noblesse et la magnificence des personnages ne doivent pas nous tromper. Mme de Lafayette jette sur la condition humaine un regard sombre et les deux héroïnes sont précipitées à l’abîme : La Princesse de Clèves leur fera bien plus tard écho.

lartJ’ai poursuivi dans le sérieux avec L’art d’avoir toujours raison d’Arthur Schopenhauer. Je ne sais pas si grâce au philosophe allemand j’aurais toujours le dessus dans une discussion (pas sûre…), mais j’admire l’art de la dialectique avec laquelle il prouve que c’est faisable (même si parfois il faut user de la mauvaise foi et du mensonge… la rhétorique est aussi une guerre!). Attention, ne pas prendre ce livre pour une lecture détente, vous risqueriez d’en ressortir avec un gros mal de tête (ou d’abandonner tout simplement) !

Présentation éditeur : L art d avoir toujours raison est un précis à usage des disputeurs, des contradicteurs et de toute personne ayant pour but de faire éclater la grande vérité (réelle ou fantasmée) de ses propres thèses, et de faire tomber les arguments fallacieux de ses adversaires, par des techniques applicables en tout lieu et en toute époque. 
Très argumenté, brillamment structuré, et ne manquant pas d humour, ce texte fait montre d une grande culture, d une belle clarté, et d une certaine ironie, qui vise en transparence la mauvaise foi de chacun de nous.

Après une telle lecture, il fallait bien rire un peu. En dehors du roman Le père Denoël est-il une ordure ? de Gordon Zola que j’ai chroniqué au terme de ma lecture, j’ai également lu Etat Critique du même auteur (chronique à venir).

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J’ai ensuite basculé du côté obscur, mon autre passion (si on oublie Arsène Lupin, Queen, les teckels… soit, une de mes autres passions !), le fantastique, le surnaturel et l’horreur (rire démoniaque). Vous avez pu lire ma critique de The Woman in Black de Susan Hill, associée à des réflexions sur son adaptation théâtrale et cinématographique.

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Je publierai dans les semaines à venir une chronique de La Vouivre de Marcel Aymé, puisque j’ai enfin lu le roman, après avoir vu le film de Georges Wilson il y a quelques mois. Là aussi l’adaptation est au coeur de l’article. 

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Toujours à venir, une chronique de A la recherche de Dracula . Carnet de voyage de Jonathan Harker de Pascal Croci et Françoise-Sylvie Pauly, un très beau livre qui mêle textes et dessins et revisite le voyage de Jonathan Harker vers les Carpates du seigneur de la nuit… (Chronique : ICI)

A la recherche de Dracula, carnet de voyage de Jonathan Harker

Enfin, dernier livre de cette longue liste, The Hobbit de J.R.R. Tolkien. J’ai lu le roman en version française il y a des années, au moment de la sortie de la trilogie du Seigneur des anneaux, je pense.  J’ai eu envie de découvrir le texte original à cause de la seconde trilogie qui semble s’annoncer sous les meilleurs hospices. Le premier film est très fidèle à l’oeuvre, avec la patte de Peter Jackson en prime, et je suis impatiente de voir le second (en V.O. ce qui explique que ce n’est pas encore fait). Le roman est charmant, porte en germe le Seigneur, même s’il est bien plus léger, destiné aux enfants, et Bilbo est un héros bien sympathique, puisque le pantouflard hobbit se révèle finalement – à sa propre surprise – un grand aventurier…

Présentation éditeur : Bilbo, comme tous les hobbits, est un petit être paisible et sans histoire. Son quotidien est bouleversé un beau jour, lorsque Gandalf le magicien et treize nains barbus l’entraînent dans un voyage périlleux. C’est le début d’une grande aventure, d’une fantastique quête au trésor semée d’embûches et d’épreuves, qui mènera Bilbo jusqu’à la Montagne Solitaire gardée par le dragon Smaug… Prélude au Seigneur des anneaux, Bilbo le Hobbit  a été vendu à des millions d’exemplaires depuis sa publication en 1937, s’imposant comme l’un des livres les plus aimés et les plus influents du XXIème siècle.

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Bonne lecture !

The Woman in Black… adaptations

woman3The Woman in Black, la dame en noir, peut être considéré comme un classique de l’horreur à l’ancienne ; rien de péjoratif dans le terme, plutôt une éloge.  Une hantise qui fait peur sans nous inonder de sang, que ce soit au théâtre, au cinéma, ou entre les pages du livre. J’ai vu le film à sa sortie, ce qui m’a rendue impatiente de voir l’adaptation théâtrale… Et en sortant du  Fortune Theatre, pour la deuxième fois, je me suis dit que si je devais faire une chronique, il fallait que j’ai connaissance du dernier support, c’est-à-dire le livre à l’origine de la pièce, puis du film. Je viens de terminer le livre (en moins de 48 heures) dans sa version originale, et je suis vraiment heureuse d’avoir ainsi la vision globale du défi que représente l’adaptation de ce récit d’horreur.

Présentation éditeur : Angleterre, début du XXe siècle. Par un mois de novembre froid et brumeux, Arthur Kipps, jeune avoué londonien, est dépêché dans le nord du pays pour assister aux funérailles d’Alice Drablow, 87 ans, puis trier ses papiers en vue d’organiser sa succession. À Crythin Gifford, village où Kipps pose ses valises, les habitants lui battent froid dès qu’il prononce le nom de feue Mme Drablow, unique occupante du Manoir des Marais, demeure isolée, battue par les vents et située sur une presqu’île uniquement accessible à marée basse. Lors de l’inhumation, dans une église quasi déserte, Arthur remarque la présence, un peu en retrait, d’une femme tout de noir vêtue, le visage émacié, comme rongée par une terrible maladie. Il l’aperçoit ensuite dans le cimetière, mais elle s’éclipse avant qu’il ait le temps de lui parler… Cette femme en noir, Arthur la verra de nouveau aux abords du manoir, une fois qu’il s’y sera installé pour commencer son travail. Mais se produisent alors nombre de phénomènes mystérieux qui ébranleront le jeune homme et feront vaciller sa raison… 

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Affiche du Fortune Theatre

Cette histoire, c’est Arthur lui-même qui la couche sur le papier, des années après, puisqu’une veillée de Noël où on le pressait de raconter une histoire de fantôme, a ramené le malaise de cette aventure vécue des décennies plus tôt…  Le cinéma oublie cette narration pour nous faire entrer directement dans l’histoire avec un Arthur Kipps veuf et torturé très bien interprété par Daniel Radcliffe qui nous fera bientôt oublier Harry Potter grâce à des rôles matures et courageux. Le film réussit à faire peur avec des procédés classiques qui n’ont pas perdu leur force. Il a ce parfum, cette ambiance old-fashioned qui n’a pas besoin d’horreur dégoulinante de sang pour faire son effet. woman 2

Les deux adaptations sont fidèles, même s’il y a des différences notables (aucune ne se terminent de la même manière),  mais là où le cinéma peut se permettre des décors grandioses et naturels (les marais qui ont un rôle très important dans l’intrigue), des effets spéciaux élaboré, le théâtre doit biaiser. 

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Les deux acteurs (seuls en scène… si ce n’est…) et la fameuse malle en osier

Ce défi est relevé avec brio par la mise en scène… Le début de l’histoire diffère : Arthur Kipps entre sur scène et anone le début du texte de ses mémoires, il s’y reprend à plusieurs fois, il se coupe… Le public est un peu perplexe, mais amusé. Soudain, un jeune homme entre en scène. Il est le jeune metteur en scène d’un petit théâtre, et Mr. Kipps l’a engagé pour l’aider à raconter sa terrible histoire à la famille… Le jeune homme lui fait entendre qu’une lecture de plusieurs heures n’est pas la solution et lui propose de mettre en scène son manuscrit… Il sera Arthur, jeune, et Arthur sera les autres personnages de la pièce. au début on rit, grâce à ces accessoires, comme une grande malle de voyage en osier qui sert tantôt de table, tantôt de siège, tantôt de voiture à cheval, et doucement on est pris dans le jeu, le rire laisse place à cette bonne vieille illusion théâtrale… On oublie que ce sont deux acteurs (qui interprètent deux acteurs) qui jouent un rôle avec des moyens de fortune… la malle de voyage devient réellement le train, derrière le rideau, c’est réellement la nursery de Eel Marsh House, Spider est bien là avec nous… et quand à la terrible Dame en noir… 

Je ne peux pas tout vous révéler, mais sachez que la mise en scène est vraiment brillante, élaborée, étonnante, et que jusqu’à la dernière seconde, on est étonné, secoué, pris dans le jeu. Si vous avez l’occasion de passer par Londres, c’est honnêtement le spectacle à voir, depuis plus de vingt ans à l’affiche maintenant (1987).

Je conseille chaudement les trois supports, que ce soit sur le papier, face à votre téléviseur ou installé au balcon du Fortune Theatre, la dame en noir fait son effet !