synopsis : Lee Holloway n’a pas vraiment tous les atouts de son côté lorsqu’elle vient solliciter un emploi de secrétaire auprès de l’avocat E. Edward Grey. Premièrement, il n’y a que très peu de temps qu’elle a quitté l’hôpital psychiatrique où elle avait été internée. Deuxièmement, après seulement une journée passée au sein d’une famille étriquée et étouffante, elle a de nouveau succombé à son penchant pour l’auto-mutilation. Bien qu’elle n’ait jamais tenu d’emploi de toute son existence, Lee est tout de même embauchée par Mr Grey. Au début, son travail est banal. Mais bientôt, entre taper à la machine, faire le café et classer les dossiers, une étrange relation se noue entre Lee et Mr Grey. (source : Allociné)
il y a eu un Mr. Grey avant Mr. Grey… et à choisir…
Vu l’affiche francaise (ou la bande-annonce, déceptive), à l’époque de la sortie du film, je m’attendais à une potache sur les relations secrétaire-patron ; mais Mr. Spader était au générique, je n’en avais donc cure… Et au final, ce fut une belle surprise, puisque La Secrétaire est un film beaucoup plus profond que l’on pourrait si attendre, dérangeant à dessein sur les « perversions » ou plutôt les maladies mentales (Lee pratique la scarification quand elle se sent mal) qui sait être drôle, tendre, et se poser la question : qu’est-ce que la normalité ?
Certes, certes, la secrétaire n’est pas un film pour puritains ou âme sensibles, et la scène d’ouverture est quelque peu déconcertante, mais on s’attache très vite à la fragile Lee (Maggie Gyllenhaal est simplement parfaite), jeune, en souffrance, sans soutien de sa famille : mère paumée face à un mari alcoolique, soeur jeune mariée bimbo au chômage, ami d’enfance/petit-ami dépressif et tout aussi paumé, si ce n’est plus. On comprend sa souffrance, et on comprend qu’elle cherche un exutoire, même si on ne comprend pas forcément l’exutoire en question… Mention spéciale à Patrick Bauchau, qui est un psychiatre compréhensif et attachant ; le seul à ne pas juger Lee, à vouloir l’aider, à vouloir son bonheur avant tout.
Arrive Mr. E. Edward Grey, avocat… Et encore une très bonne composition de James Spader. Mr. Grey ne supporte pas la moindre entorse à ses habitudes, ou à l’orthographe, c’est un maniaque qui a besoin de tout contrôler ; comme en témoigne ses orchidées amoureusement arrosés au minuteur… et son attirance de dominateur va vers des personnes aimants être dominées… Non, nous ne nous acheminons pas vers les fameuses 50 nuances, car Mr. Grey est le plus normal des personnages de ce film (Spader a certainement été étonné, car il joue le plus souvent des tordus, des désaxés, des pervers, se croyant normaux…) ; oui, le plus normal, car il est le seul à tenter de combattre son « anormalité », sa « différence », à tenter d’agir comme les gens « normaux ».
La relation patron-secrétaire devient un nouvel exutoire pour Lee, mais un exutoire qui va finalement lui permettre d’aller, non pas vers la normalité, ou la « guérison » (car, qu’est-ce que la normalité, après tout ? nous pourrions en débattre des heures je pense, sans avoir de réponse immuable), mais vers son Bonheur, son équilibre propre…
La Secrétaire a quelque chose d’un conte de fée pervers (quoique, relisez vos contes de fées, l’autre Mr. Grey n’a qu’à bien se tenir côté perversion quand on relit Grimm et consorts) ; ce n’est pas un film comme tant de comédie romantique ou les personnages sont heureux en rentrant dans le rang (la nunuche devenu jolie fille qui trouve ainsi l’homme idéal, l’intello devenu motard cool… pour ne citer que Grease et Grease 2), C’est une comédie noire, cérébrale, qui se veut choquante, mais surtout intelligente.
La Secrétaire est une histoire à part, osée, mais au final une belle histoire d’amour qui nous fait nous attacher à des personnages extrêmement différents de ce que propose Hollywood habituellement.
film de Steven Shainberg avec Maggie Gyllenhaal et James Spader… Et je finis sur un peu de romantisme 🙂