2014 : 150ème anniversaire de la naissance de maurice Leblanc

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Immortalisé par sa propre plume en tant que confident et biographe du célèbre gentleman-cambrioleur, Arsène Lupin, Maurice Leblanc fut bien plus qu’un auteur de romans policiers et d’aventures. Certes, les aventures du bel Arsène sont complexes, poétiques, empreintes de tragédie comme de comédie, mais il ne faut pas oublier que Leblanc n’est devenu le papa de Lupin qu’à l’âge de 41 ans… L’écrivain avait déjà usé de nombreuses plumes, déroulé des kilomètres et des kilomètres de parchemins…

bigSteinlenGiselleDeNuitGOui, il y a une vie avant Lupin, et à l’occasion des 150 ans de la naissance de Leblanc, en ce 11 décembre 2014, j’ai eu envie de vous parler un peu de cette vie d’avant, que je découvre encore avec délectation. Comme aurait dit Leblanc lui-même, j’ai passé des heures charmantes en compagnie de quelques-uns de ses contes, parus dans le Gil Blas dans la dernière décennie du dix-neuvième siècle…

Ces contes a la plume vive, ces contes si déroutants pour celui qui ne voit Lupin que comme Guignol rossant le gendarme (attention, retournez lire Les Dents du tigre, L’Ile aux trente cercueils…), ces contes écrits par Maurice Leblanc sont bien cruels… Histoire de maris trompés, histoires d’assassins, histoires de folie… Leblanc se tourne vers les mauvais instincts de la nature humaine… Ici, un homme devient  fou et assassine un cadavre, là un monstrueux pari entraîne un homme à tuer plus de 20 ans plus tard, l’ennui mène aussi au crime… L’humour est également de la partie ; mais un humour noir, un humour grinçant… Par exemple, quand un prêtre fait l’aumône grâce aux rentes que lui assurent une maison close ! Maurice Leblanc se fait aussi coquin, chantant les louanges de la gil-blas-argent-fpoitrine féminine, et on se rappelera que si Lupin n’est pas un saint, il adore les seins du sexe opposé (Vous ne vous en étiez pas rendu compte ? Vous trouviez le gentleman bien sage…. Mai tout est dans l’ellipse, braves gens!). Et Leblanc nous parle aussi de son autre amour, la bicyclette, il en fait une déesse, il ose invoquer l’individualisme, l’anarchisme…

Oui, avant Lupin, Leblanc était déjà plus un peintre du vice que des vertus, et sa plume incisive me rappelle qu’il a réussit, comme il l’espérait, à être l’égal de ses maîtres (Maupassant, Flaubert…), et qu’il faut maintenant, un siècle et demi après sa naissance, lui offrir les lauriers bien mérités du grand écrivains qu’il fut.

Pour lire quelques-uns de ses contes, c’est ici (ebooks libres et gratuits) :   

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Happy Halloween !

C’est le soir où jamais pour se faire peur !

Conseils de lectures et cinéma sous l’image !

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Cinéma et Télévision :

L’île aux trente cercueils (téléfilm de 1979, d’après l’oeuvre de Maurice Leblanc)

The Rocky Horror Picture Show de Jim Sharman (1975)

Supernatural d’Eric Kripke (2005) série américaine

Dracula (2013) série américaine

Dead and Breakfast Evitez ce B&B…

The Woman in Black (La dame en noir) – adaptations : littérature, théâtre & cinéma.

Vampire… Vous avez dit Vampire ? Mon choix personnel !

Being Human (télévision)

Rockula (A mourir… de rire !)

Dellamorte Dellamore 

Littérature

Les Dossiers Holmes-Dracula de Fred Saberhagen

Carnacki The ghost Finder de W.H. Hodgson

Tales of Unease, Conan Doyle sans Sherlock Holmes : des contes à vous glacer le sang!

Neverwhere de Neil Gaiman

A la recherche de Dracula de  Françoise-Sylvie Pauly  et Pascal Croci

Messe noire d’Olivier Barde-Cabuçon

Sacrifier une Reine / l’apprentie de l’apiculteur de Laurie R. King

beekeeper 2Qu’a fait Sherlock Holmes après s’être retiré dans le Sussex ? Vous l’imaginez se limitant à étudier des abeilles ? Bien sûr que non ! Un homme comme Sherlock Holmes ne peut pas abandonner tout à fait le monde trépidant des enquêtes policières et des bas-fonds de Londres, et les bas-fonds de Londres ne veulent pas oublier non plus celui qui leur mit tant de bâtons dans les roues… 

La bonne idée de Laurie R. King est d’offrir à Holmes, dans sa « retraite », un cerveau aussi brillant que le sien, et en plus, celui d’une femme !

résumé : Mary Russell et Sherlock Holmes se croisent un jour de 1915 dans les collines du Sussex. De leur rencontre – celle d’une jeune fille surdouée et solitaire et du génial détective qui a déserté Londres et sa criminalité galopante – naît le tandem le plus improbable d’Europe, et le plus redouté. D’affaires insolites, en missions plus délicates, effectuées sur prière de la Couronne
le maître et l’élève se mesurent brillamment à des adversaires implacables. Des espions, bien sûr, à la solde de la belliqueuse Allemagne, mais il apparaît vite que le Kaiser n’est pas leur ennemi le plus menaçant. Holmes et Russell sont contraints de fuir l’Angleterre dans l’espoir de démasquer celui – ou celle – qui, dans l’ombre, a résolu de les tuer.

Coup de coeur ? non, soyons honnête. Cependant, cette lecture est très plaisante et la jeune Mary bien sympathique. Le monde de 14-18 n’est plus celui de la Reine Victoria, et les femmes commencent à s’émanciper, Mary en tête, puisqu’elle est une brillante étudiante d’Oxford. Il est aussi plaisant de voir un Holmes différent, puisque sur un terrain d’égalité avec son « partner in crime ». Mary n’est pas Watson, et elle comprend rapidement ce qui se passe dans la tête de Holmes, puisqu’elle aussi possède un esprit exceptionnel.

Ce que je reproche à l’auteur, c’est les effets d’annonce nombreux dans la narration, puisque Mary nous répète à loisirs, « si ce que je vais vous raconter n’était pas arrivé, tout aurait été différent à tel ou tel moment » ou encore « les effroyables événements que je vais vous raconter »… Ces effets d’annonce là pour attiser la curiosités du lecteur m’ont plutôt exaspérée. Pour 2 raisons : la première, les mystères sont assez évidents à dénouer (aurais-je trop lu de Sherlock Holmes et mon cerveau se serait-il mis au diapason ? peut-être…). En tout cas, quand on m’annonce l’apocalypse, et que cela donne un pétard mouillé… je râle (et oui, je ne dis jamais non à une bonne petite apocalypse… je suis comme ça). Cependant, les aventures sont relativement originales, même dans leur simplicité… Seconde raison à mon exaspération… une page ou deux d’annonce, je râle, mais je supporte encore, tout un chapitre qui ne même finalement qu’à une discussion sur les échecs… certes importante, mais qu’on aurait pu casser ailleurs…

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Mon édition (bien plus jolie que la version française ! c’est dit ! )

Point positif, qui rejoint mon idée de Holmes : l’homme est finalement plus misanthrope que misogyne puisqu’il se moque bien du sexe de Mary et ne s’intéresse qu’à son cerveau (d’après mes sources, cela va changer… mais évitons les révélations fracassantes sur l’ami Sherlock). J’aimerais d’ailleurs citer l’auteur : « Il aimait cette humanité qui ne pouvait le comprendre ou l’accepter totalement » (« he loved the humanity that could not understand or fully accepted him »). Oui, Holmes sauve des vies, protègent les innocents, et s’il est dur, brusque, c’est que (comme le dit BBC Sherlock) il n’est pas aisé d’avoir une intelligence comme la sienne face au commun des mortels. Je pense qu’il y aurait à creuser dans ce sens… Mais je ne suis pas là pour démarrer un débat philosophico-fictionnel sur la personnalité de Sherlock Holmes ! je suis partante quand même 😉 .

En résumé, ce roman est plaisant, mais souffre de quelques lourdeurs et maladresses… N’en demeure pas moins que si je tombe sur le deuxième tome des aventures de Mary Russell et Sherlock Holmes, il se peut que je me laisse tenter… 

Post-Scriptum : pourquoi l’éditeur français a-t-il changé le titre ? The Beekeeper’s apprentice (l’apprentie de l’apiculteur) est une jolie trouvaille ! Ce « sacrifier une reine » (certes, une référence au texte) en dit trop et pas assez à la fois ! Ce roman est le récit de l’apprentissage de Mary auprès de Holmes qui forme sont esprit aiguisé à la détection criminelle… Parfois, je me pose des questions…

second Post-Scriptum : Les citations qui ouvrent chaque chapitre sont tirées de « La vie des abeilles » d’un certain Maurice Maeterlinck qui vécut pendant des années avec Georgette Leblanc, cantatrice et surtout soeur de Maurice… Et oui, Arsène Lupin est partout ! et je trouve délicieux de trouver ces citations dans un ouvrage mettant en scène Holmes !

Arsène Lupin, couvertures étrangères : Anglo-saxonnes

Je l’ai constaté au temps (déjà lointain !) de mon doctorat, L’ami Arsène est populaire partout ! Ainsi, des étudiants Japonais étaient « transportés » à l’énoncé de mon sujet de thèse, et j’ai pu noter que sur la page Facebook que j’ai dédié à mes écrits, le monde entier est représenté.

Donc, j’ai eu envie de faire un petit tour du globe des couvertures de romans mettant en scène le gentleman-cambrioleur… Et il y en a des superbes !

De retour au Royaume-Uni et aux Etats-Unis

 

 

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Les Dents du Tigre… J’aime particulièrement l’accroche sous le titre qui mentionne « le plus grand voleur du monde ». Arsène fut certainement flatté ! 

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L’Aiguille creuse… J’avoue que cette couverture n’est pas ma préférée, mais la qualité de l’image n’aide pas.

 

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Le retour d’Arsène Lupin… Oui, certes… Aucune idée de l’aventure qui se cache derrière cette traduction… le design est très 50s (je peux me tromper, mais c’est l’impression que j’en ai). J’aime beaucoup… enquête à suivre…

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esteban MarotoArsène Lupin contre Herlock Sholmès, c’est l’histoire d’un rendez-vous manqué… Certes, Leblanc a été un peu indélicat, mais de son côté Doyle s’est montré plus que buté. Je ne veux pas créer un débat, mais honnêtement, la nouvelle « Sherlock Holmes arrive trop tard » qui clôt le première recueil des aventures du gentleman-cambrioleur est un hommage au héros d’Arthur Conan Doyle, et de cette nouvelle aurait pu naître – que sais-je ? – une première ligue des gentlemen extraordinaires sans doute…

Mais revenons-en à l’affrontement. Sherlock devenu Herlock n’est pas si ridicule que le mythe veut bien nous le laisser croire. Certes, le bon Wilson et lui sont des caricatures d’Anglais où le tweed le dispute au flegme so British, l’ego démesuré de Holmes est bien là et Leblanc le détourne pour le rendre déplaisant, alors que chez l’original, on adore cette vanité très bien placée. Donc, si l’affrontement tourne à l’avantage du fanfaronnant Lupin, c’est bien parce que tout est affaire d’ego et que celui de l’auteur est, disons, plus que susceptible…

Et aujourd’hui ? Sherlock est entré dans le vingt-et-unième siècle avec le brio qu’on sait. BBC Sherlock a su faire du héros victorien un génie moderne de la déduction (tout en forçant le trait de la sociopathie) qui s’intéresse toujours aux cendres de cigarettes mais ne dédaigne pas les dernières technologies, tant qu’elles peuvent le servir… Depuis le fameux « The name is Sherlock Holmes and the address 221B Baker Street » je rêve d’un nouvel affrontement entre les deux plus grands héros de la littérature populaire… Rappelons-nous les mots de l’inspecteur Ganimard concernant Lupin : « Il est d’aujourd’hui, ou plutôt de demain »… Qui serait Lupin aujourd’hui ? Que serait-il ? Certainement, le Smartphone lui servirait de rossignol, il adorerait toujours les voitures de course et serait le premier touriste de l’espace… Il aurait toujours les mêmes victimes, politiciens, traders (on disait boursier), Jet-setteurs (l’oisive « bonne » société), exploiteurs de tous poils… et mauvais coucheurs, comme le sieur Gerbois, sa première victime dans Arsène Lupin contre Herlock Sholmès

A notre époque où l’esbroufe fait loi ou on parle de tout à torts et à travers pour ne rien dire au final, Arsène Lupin serait-il à la fête ? Certainement, car il saurait utiliser tout cela à son avantage et avec bon goût (ce qui n’est pas vraiment la norme, avouons-le). Quand on transforme les ascenseurs en ballon dirigeable en 1908, que ne ferait-on pas en 2014 ?

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L’affrontement, sur quel terrain le placer ? Il faudrait certes un défi au niveau des joyaux de la couronne… Mais n’oublions pas que Lupin avait réussi à dérober la Joconde… Imaginez donc ce qu’un tel exploit aurait comme retentissement aujourd’hui ! Et il ne s’arrêterait pas là, il détrousserait tous les musées du globe, tous les milliardaires qui n’accumulent les œuvres qu’au nom du pouvoir de l’argent et certainement pas au nom de celui de la création… Et bien sûr, l’un d’eux viendrait voir le cher Holmes, qui le traiterait pas le mépris dû à tous les petits rois de Bohème, mais accepterait l’affaire pour se frotter au plus grand cerveau criminel de tous les temps, plus grand, oui, que Moriarty, parce que Lupin n’est pas une araignée au centre de sa toile, prête au meurtre, mais un rusé Renart prêt à rire de tout, à danser et à vivre pour et par l’aventure…  Un Lupin défiant toutes les polices du monde, et se moquant d’elles, ce serait un défi à la hauteur de Sherlock et de sa vanité. Ils engageraient le fer comme des duellistes, rendant coup pour coup, mais sans jamais en venir aux menaces de morts. Pas de ça chez Lupin, des pétards, l’esbrouffe, des tours de prestidigitateurs, pas de vraies bombes. Et finalement, Lupin céderait la Joconde pour le salut d’une jolie femme, et s’empresserait de dérober le smart-phone de Holmes (les montres, c’est un peu passé de mode) avant de lui fausser compagnie pour remettre cela la semaine suivante avec ces fameux joyaux de la Couronne.

Peut-être même pourrait-il kidnapper John et lui proposer d’être son bloggeur attitré ? Histoire d’en appeler un peu aux émotions de Sherlock. Et bien sûr, Mrs. Hudson et Molly tomberaient bien facilement sous son charme, et moins pingre que Moriarty, il les couvrirait de roses, qu’il apporterait lui-même au nez et à la barbe du consulting detective, car si Lupin a bien un plaisir coupable, c’est de narguer l’adversaire, aussi Drama Queen qu’un certain Mr. Holmes. Je l’imagine bien prendre le thé à Buckingham, sous le nez d’un Mycroft impuissant, puisqu’il serait alors pour quelques heures l’ambassadeur de France ou un ami intime du prince Harry rencontré sur un champ de bataille…

Mais honnêtement,  doivent-ils être ennemis, Sherlock et Arsène ? Mon fanfaron et votre sociopath, chers amis du Cercle Holmesien de Paris, ont plus en commun qu’on ne le croit (goût du déguisement, de la bonne musique, de la boxe ou de la savate, l’ascétisme, le don d’observation, et j’en passe…).je pense que « ces deux grands artistes » (ALHS)  adoreraient jouer ensemble. Lupin, pas si guignol que ça, choisit souvent des causes nobles (quand ce n’est pas la sienne qui prime, on ne se refait pas quand on est pie voleuse…). Sherlock n’est pas un chevalier blanc et par le passé (comprenez, le canon), il a quelquefois fait sa propre Justice (avec un mépris souverain pour celle des hommes…  Ça ne vous rappelle pas quelqu’un ?) D’Artagnan et Perceval ne pourraient-ils pas s’associer ?… de manière occasionnelle, cela va s’en dire, entre deux jeux du chat et de la souris. Car derrière les combattants, il y a deux hommes qui ne peuvent que s’admirer et se comprendre. Leblanc écrit, alors que son détective anglais a pourtant vaincu (brièvement) Lupin, « Sholmès le regardait, comme on regarde un beau spectacle dont on sait apprécier toutes les beautés et toutes les nuances ». Ne serait-ce pas un beau spectacle que de les avoir tous les deux combattant côte à côte, ces deux gentilshommes ? Une fois la bataille gagnée, ils rentreraient qui au 221B, qui vers l’Aiguille creuse, et Sherlock devrait poser un ultimatum pour récupérer son crâne ou sa fameuse babouche… Non, on ne se refait pas !

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