Cycle Lambert Wilson : Marquise & les Possédés

marquise 1Deux films en costume très différents… et J’avoue que mon opinion est diamétralement opposée quand on passe de l’un à l’autre. J’ai vu Marquise il y plusieurs mois déjà, et j’ai oublié de faire ma chronique (!). Heureusement, je note toujours quelques impressions sur chaque film, donc j’ai quelques éléments pour construire mon argumentation.

Marquise (1997) de Véra Belmont est une histoire plus ou moins vraie… Une jeune femme de province, charmante danseuse (promise à la prostitution par son père), accepte d’épouser un acteur, Gros-René (Patrick Timsit, qui joue très bien ici… comme quoi il peut éviter d’en faire des tonnes ! fin de la parenthèse), partenaire de Molière qui n’est pas vraiment en fond ou en état de grâce à la Cour. Marquise intègre donc la troupe, ce qui n’est pas du goût des autres femmes (d’autant plus que Molière est un coureur), mais elle n’arrive pas à jouer, seulement à danser. Elle rencontre Racine, qui n’est pas encore le dramaturge renommé de nos manuels scolaires, et ils tombent amoureux… De là, Marquise apprendra à jouer, mais connaîtra aussi drame et trahison, jusqu’à la chute… 

Comme je le disais, une histoire plus ou moins vraie… Marquise a existé, Racine, Molière nous sont connus… Comment étaient-ils vraiment ? comment on-t-il vécu ? comment sont-ils morts ? mystère… car s’il y a toujours l’image d’épinal, nous n’y étions pas… La réalité se mêle souvent de mythe, et ici Véra Belmont a romancé l’existence de Marquise pour nous offrir un beau film sur le théâtre, et sur les faux-semblants. Les acteurs sont habités par leurs personnages, notamment le regretté Bernard Giraudeau qui offre un Molière très différent que ce que l’on rencontre habituellement. De même, le Louis XIV de Thierry Lhermitte est tout en finesse (un rôle différent pour un acteur plutôt habitué des comédies-rouleau-compresseur). Les querelles, les piques entre les auteurs sont vraiment amusantes, de même que la vie de la Cour, si hypocrite.

Lambert Wilson et Sophie Marceau (soyons honnête, surtout Sophie Marceau, qui porte le film sur ses jeunes épaules), sont attachants dans leur jeunesse et leurs illusions. Car si Racine semble manipulateur, il est au final plein d’illusion, d’amertume (il n’est pas noble, pas bien important à la Cour) et pleins d’espoir. Loin de l’affreux personnage que nous offrent les livres d’histoire (ce qu’il est certainement devenu par la suite), ce jeune Racine est très humain, dans ses forces et ses faiblesses, de même que Sophie Marceau passe du rire au larme, du drame à la comédie comme si c’était facile… Un bon film que je recommande.

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les Possédés (1988) de Andrzej Wajda est loin de m’avoir diverti comme Marquise… Face à ce genre de film, je pense toujours à cette réplique très drôle de In & Out … « Je vais vous avouer un terrible secret… Sur la route de Madison, ça m’a beaucoup ennuyé »… Remplacez  Sur la route de Madison par Les Possédés, et vous avez mon opinion sur ce film… ça ne va pas me réconcilier avec la littérature russe…

les possédéssynopsis : Dans une ville de province russe, vers 1870, un groupe de révolutionnaires mystiques a décidé de renverser l’ordre ancien. Entraînés par leur chef cynique et haineux, ils se vouent corps et âmes à un Messie, le sombre Stavroguine (Lambert Wilson), aristocrate décadent et exalté. Voici « les Possédés » de Dostoïevski, qui font régner sur leur ville une atmosphère de terreur.

Certes, grand auteur, grand réalisateur (enfin, c’est ce qu’on me dit… il faudra que je creuse), grands acteurs… Vous me direz, les goûts et les couleurs, certes. Mes goûts ne me portent pas vers ce film (achat de Noël que je regrette), car vraiment, on s’ennuie… Ils sont bien ronflants ces révolutionnaires, mais au final, ils n’ont pas beaucoup d’idées et espèrent que Stavroguine leur montrera le chemin ; excepté qu’il devrait déjà le trouver lui-même si ça l’intéressait un tant soit peu (détruire les vies des femmes qui l’entourent me semble plus dans ses cordes comme dans ses objectifs). Du reste le personnage est fort peu présent, et c’est Pierre (Jean-Philippe Ecoffey) qui en fait une figure christique, qui manipule ses camarades, jusqu’à les pousser à l’irréparable, surtout pour son intérêt personnel. Au final, personne n’a vraiment l’air convaincu de quoi que ce soit, c’est plus de discours ronflants qui n’ont finalement pas grand sens, et ces possédés sont surtout possédés d’eux-même, à l’image de Stepan (Omar Sharif) qui s’écoute parlé et vit dans son monde… Je dois quand même signaler deux acteurs, Laurent Malet et Jerzy Radziwilowicz qui s’ont au-dessus du lot, pour ainsi dire, c’est eux que je trouve les plus convaincants, le premier en illuminé qui veut mourir pour la cause, le second qui a compris que cette cause est finalement vide de sens et voudrait la fuir sans pouvoir y parvenir. Au final, une grosse déception.

Cycle Lambert Wilson – Rendez-Vous & Imogène McCarthery

affiche-La-Princesse-de-Montpensier-2009-2ça a commencé avec La Princesse de Montpensier, un peu plus tôt cette année… J’ai tellement aimé le personnage du comte de Chabannes qu’il a fallu que je me penche sérieusement sur la filmographie de Monsieur Lambert Wilson… Et l’engrenage s’est mis en marche…

Certes, certes, je le connaissais déjà, je l’estimais déjà, mais disons que j’étais l’incarnation de la blague d’un certain programme satirique sur une certaine chaîne payante : « Je suis cinéphile, quand je vois un film français, ma gorge gonfle, j’étouffe » etc.

Pour être tout à fait honnête, en 2012, je n’ai vu qu’un seul et unique film français! c’est dire… En 2013, j’en suis à 18 (sur 76 – comme ça vous savez tout), et c’est en grande partie la faute de Monsieur Wilson…

Je vais donc faire ici un petit horizon de ses films vus ou revus, comme La Vouivre par exemple, que j’aimerai mettre en parallèle avec le la vouivreroman qui a inspiré le film (qu’il me faut encore acquérir et lire… Je mourrai donc étouffée sous des piles de livres, pas besoin d’oracle pour me l’annoncer).

Pour La Princesse de Montpensier et Comme les autres, je vous renvois à mes précédentes chroniques… Sur quel film ai-je jeté mon dévolu ensuite ?

parmi la dizaine visionnée depuis La fatidique Princesse, je choisis ici de vous en présenter deux – n’ayez crainte, les autres viendront en leur temps – Commençons avec un drame et une comédie.

Rendez-vous d’André Téchiné (1984)

rdzvs3Un film étrange où débutaient, pour ainsi dire, Lambert Wilson et Juliette Binoche, face à un monument du cinéma, Jean-Louis Trintignant.

synopsis : Paulo rencontre Nina, une jeune fille montée à Paris pour devenir actrice. Il lui propose de l’héberger quelques jours, mais son colocataire, Quentin, met la jeune femme dehors, avant de la séduire… Fascinée par Quentin, être inquiétant et possessif, Nina repousse Paulo. Le destin va transformer cette fascination en hantise. (source : Allociné, revue et corrigée par votre humble servante…)

Honnêtement, je ne peux pas donner un sentiment entier sur ce film. Je l’aime et je le déteste à la fois. C’est brillamment interprété, brillamment mené, mais je reste perplexe face à ce titre… Pourquoi « Rendez-vous » ? Peut-être parce que ce n’est qu’une suite de rendez-vous manqués, dont certains avec la vie elle-même. J’ai été fascinée par le personnage autodestructeur de Quentin (Wilson). Est-ce un monstre au visage d’ange ou un ange déchu qui préfère se punir plutôt que d’accepter son innocence (et son impuissance) ? Les personnages sont forts, intéressants, même Paulo ( Wadeck Stanczak) qui fait bien pâle figure face au mystérieux et inquiétant Quentin… Reste que la fin m’a laissée… sur ma faim, que j’aurais voulu comprendre les motivations de Scrutzler (Trintignant), le destin de Nina (Binoche)… Cependant, j’ai été fascinée, comme Nina, et par sa propre fascination. Donc, ma relation au film est la même que celle qui se développe dans le film, à la fois amour et haine, incompréhension et acceptation… Je conseille vraiment de voir ce film étrange, mais attention, âmes sensibles s’abstenir!

Imogène McCarthery (2009)

d’Alexandre Charlot et Franck Magnier, qui signaient là leur premier film.imogene-18117-654946024

Synopsis : Elle est rousse. Elle est écossaise. Elle aime le rugby et la cornemuse. Elle vit à Londres, mais se considère en exil. Elle a un fichu caractère et une sacrée descente au whisky. Elle s’appelle Imogène McCarthery… du clan des McLeod !
En ce beau jour de mai 1962, Imogène, secrétaire à l’Amirauté, vient une nouvelle fois d’humilier son supérieur hiérarchique. C’est l’esclandre de trop. Dans le bureau de Sir Woolish, le grand patron, Imogène s’attend à être congédiée… Contre toute attente, elle se voit confier une mission secrète : convoyer les plans d’un nouvel avion de guerre jusqu’à un contact en Ecosse, à Callander… son village natal ! Quelle coïncidence !… Quel signe du destin !…  Imogène agent secret… Voilà de quoi en remontrer à ces satanés Anglais et faire la fierté de son défunt père… (source : Allociné)

Virage à 180°, ceci est une comédie… Vous aviez certainement compris à la lecture du synopsis!

Imogène, « notre Imogène » c’est toute mon enfance ! Qu’est-ce que j’ai ri en lisant les aventures de la belliqueuse écossaise sous la plume cocasse du bien français Charles Exbrayat, ri à gorge déployée ! Alors, j’avais un peu peur… Allai-je retrouver ma terrible rouquine, ou l’adaptation serait-elle un couteau dans le coeur (je sais, je dramatise, chacun ses petits plaisirs) comme Vidocq, Les Brigades du Tigre, Belphégor ou – surtout – Arsène Lupin ?

catherine-frot-et-lambert-wilson-imogene_5077d2d3d1b06Et bien, ce fut une délicieuse surprise! Certes, le film a quelques lourdeurs (mais Imogène est plutôt un bulldozer d’humour qu’un léger trait d’esprit) mais Catherine Frot a un abattage comique impressionnant! Je n’ai jamais vu Dominique Lavanant dans le rôle (j’adorerai !), mais j’avoue être impressionnée par la façon dont Catherine Frot a embrassé le personnage. Face à elle, Monsieur Wilson dans le rôle de l’amoureux transi (depuis qu’ils ont 17 et 18 ans, et là, ils en ont presque 50…) qui n’est pas celui qu’il semble être…

Le film est un délicieux moment de détente, et je me suis prise à rire, comme par le passé, à gorge déployée. Messieurs Charlot et Magnier m’ont rendu mon, pardon « Notre » Imogène…

à venir : A l’Aveugle, La Vouivre, Catwoman, Le Casse du siècle, Marquise…