L’affaire Jane Eyre de Jasper FForde

affaire-jane-eyrePrésentation éditeur : Dans un monde où la littérature fait office de religion, la brigade des LittéraTec élucide plagiats, vols de manuscrits et controverses shakespeariennes. L’agent Thursday Next rêve, elle, d’enquêtes explosives, quand le cruel Achéron Hadès kidnappe Jane Eyre. Dans une folle course-poursuite spatio-temporelle, la jeune détective tentera l’impossible pour sauver l’héroïne de son roman fétiche.

Un monde où la littérature est une religion… Un monde qui me conviendrait… Quoique, les extrêmistes littéraires ne sont pas des agneaux … Cela fait des années que je tourne autour des romans de Jasper Fforde… Pourquoi tout ce temps perdu ? Je me le demande en refermant « l’Affaire », première aventure de Thursday Next…

Thursday est une héroïne comme je les aime, loin d’être sans défense, elle a ses qualités et ses défauts, un caractère bien trempé, et à l’instar de sa grande soeur, Bridget Jones, elle cherche l’homme idéal, tout en s’inquiétant de sa date de péremption 😉 … Mais Thursday est surtout un agent de la brigade littéraire, et son métier est une passion.

Le roman est bourré de références littéraires, Austen, Shakespeare, et bien sûr Brontë, ce qui en fait un objet de choix pour les afficionados de littérature brittanique. Aillant lu ce roman en v.o., je me dis que c’est peut-être un peu difficile du point de vue historique pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire de l’Angleterre et du Royaume-Uni, car Thursday vit dans une réalité alternative où la guerre de Crimée dure depuis un siècle et où le Pays de Galles est un pays indépendant, hostile a l’Angleterre, Angleterre qui est une république… Uchronie, quand tu nous tiens !

the_eyre_affairCe monde parallèle est délectable : Les fans des grands auteurs, des grandes tendances artistiques se livrant une guerre sans merci, prenant le nom de leurs romanciers favoris ; pas de mention de football, mais de l’attrapage de météorites… Et des dodos comme animaux de compagnies !

Quant à l’intrigue en elle-même, elle est enlevée, pleine de rebondissements ; Thursday et ses collègues sont attachants (les dodos aussi).

Conclusion : Volume 2, Délivrez-moi (Lost in a good book), sous le sapin !

Service with a Smile de P.G. Wodehouse

84-06Pelham Grenville Wodehouse est un de mes auteurs favoris… Je sais, il y en a beaucoup, mais Wodehouse a cet avantage sur tous les autres qu’il a créé le redoutable Jeeves…

Jeeves et Wooster, le valet et le maître, Ersatz de Holmes et Watson… Ainsi, Wooster est un grand benêt amoureux de pas mal de jupons, mais surtout de son célibat, et Jeeves est son  valet, capable de sortir le jeune homme de n’importe quelle situation… Stephen Fry et Hugh Laurie ont d’ailleurs magnifiquement donné vie à ces deux personnages dans une série britannique inoubliable… Mais dans Service with a smile (inédit en Francais, mais il y a pas mal d’autres traductions, donc pas d’excuses, chers francophones 😉 ), c’est le Comte Ickenham, connu par l’affectueux surnom d’oncle Fred, qui est au commande de l’aventure… Oncle Fred est pair du royaume mais surtout un drôle de zigoto… Il s’amuse à voler des bagages dans les gares pour le plaisir, il a été cowboy dans l’Ouest américain avant d’hériter d’un titre, inespéré pour un cadet… Oncle Fred voit la vie du bon côté et essaie toujours d’aider son prochain… Bien que la plupart de ses plans rendent la vie encore plus impossible à son malheureux neveu, à ses amis et globalement à la terre entière… du moins dans ce volume, à tous les habitants du domaine de Blandings…

340-00733Blandings, paradis sur terre, propriété de Clarence, neuvième Comte d’Emsworth, qui néglige volontiers ses devoirs de pair du royaume… Une seule passion dans sa vie, sa truie de compétition, L’Impératrice de Blandings, qui remporte tous les concours, mais que les concurrents du comte convoitent au point de vouloir la voler… La pauvre Lady Constance, Connie pour les intimes, la soeur du Comte, a bien du mal à gérer son frère, le porcher (mauvais garcon facile à acheter, de surcroît socialiste haissant la noblesse… bien qu’il travaille pour elle…), et n’a confiance qu’en sa secrétaire, Lavender Brown… Ce qui est peut-être une erreur…

Voir débarquer Oncle Fred, alors qu’elle est déjà cernée d’enquiquineurs et autres piques-assiette ne va pas vraiment plaire à Connie, d’autant plus que l’une des mission d’oncle Fred et d’aider la protégée de Connie à épouser l’homme qu’elle aime, une pasteur sans le sous, alors que Lady Constance fait tout pour marier la jeune fille avec un riche héritier… et oui, Oncle Fred – parfois également appelé Oncle Dynamite – à le coeur tendre et aime protéger les tourtereaux qu’il croise au détour de ses aventures.

L’univers de P.G. Wodehouse est complètement fou, à la fois parodie et satire de son époque, il fait rire des conventions grâce à des situations  rocambolesques sorties de la plus folle des imaginations. Si vous voulez rire, si vous voulez découvrir une société britannique bien moins guindés que dans Orgueil et Préjugés, je vous conseille vraiment les romans de Wodehouse… n’importe quel volume fera l’affaire, ils sont tous brillants !

9780099513995

Le secret de Crickley Hall de James Herbert

 

Le Secret de Crickley HallPrésentation éditeur : « Crickley Hall : une vieille demeure comme on n’en trouve que dans les régions reculées de l’Angleterre. Vaste et sinistre, elle a même l’air un peu menaçant. Lorsque Gabe et Eve Caleigh viennent s’y installer avec leurs deux filles, ils espèrent y trouver la paix, et tourner la page sur le terrible malheur qui a frappé leur famille. Mais quelque chose ne va pas… Bientôt des bruits inexplicables les arrachent au sommeil. Les enfants sont les seuls témoins d étranges apparitions. Et, chaque matin, la porte de la cave est entrouverte alors qu on l avait fermée la veille.
Cette maison est le dernier endroit que les Caleigh auraient dû choisir. L’horreur qui les y attend dépasse tout ce qu ils pouvaient imaginer. »

Voici un des derniers romans du regretté James Herbert. Crickley Hall est un roman de Hantise classique : Maison isolée, sombres secrets, famille traumatisée… mais Herbert a un don pour vous présenter les choses sans faire jaillir des fantômes des placards toutes les 5 pages. Ce roman vaut pour son ambiance qui vous agrippe et vous entraine sans pour autant vous faire bondir de votre fauteuil… Herbert sait créer le malaise sans la facilité des grosses ficelles.

Un mot pour les messieurs qui me lisent : Si votre chère et tendre vous laisse en charge de choisir une location, évitez les maisons isolées, loin de tout, construites dans une gorge dont le seul accès est un pont branlant passant au dessus d’une rivière qui a tout d’un torrent, avec risque de crue de surcroit, et évitez également les maisons avec sous-sol complet équipé d’un puits donnant sur rivière souterraine et sans margelle ni protection surtout avec deux fillettes dont l’une n’a que cinq ans… Gab est un brave garcon, et vous me direz que s’il n’avait pas choisi Crickley Hall le roman aurait été beaucoup plus court, mais franchement, je me dis qu’on écrirait moins de romans d’horreur si on ne laissait pas les hommes en charge 😉 J’arrête de taquiner, et je reprends plus sérieusement le fil de ma critique.

Crickley Hall est un roman de hantise construit de manière classique certes, mais c’est son ambiance, son atmosphère qu’il faut retenir. De même que la maison a un lourd secret, tous les personnages ont quelques choses sur le coeur : drame, erreur commise, peur. On s’attache très facilement à Eve et Gab, ainsi qu’aux personnages secondaires comme le vieux jardinier ou Lili. La facture classique n’empêche pas la qualité et l’intelligence de l’intrigue… ou les frissons pour le lecteur ; j’avoue d’ailleurs que je suis très heureuse de ne pas avoir de cave…

A creuser :

Il existe une adaptation télévisée du roman… je m’interroge (Bande-annonce en VO : The Secret of Crickley Hall)

Autre roman de James Herbert sur mon blog : Les Autres (Others)

the Crimson Blind de H.D. Everett

51a05a7Hx1L._SY344_BO1,204,203,200_Après recherche, il semble que Mrs. Henrietta Dorothy Everett (qui usa du nom de plume Theo Douglas pour la majorité de ses oeuvres) n’ait pas une existence très prononcée sur la toile… Pourtant, ce recueil de nouvelles, The Crimson Blind & others Stories est une petite merveille de literature fantastique qui m’a fait frisonner, sourire, voire même regarder derrière mon épaule (un mur, mais on ne sait pas ce qui pourrait en sortir !). J’ai encore succombé à une couverture attirante, et à un prix minimal… Et je ne le regretted pas… Mrs. Everett (1851-1923) a une plume magnifique. La construction de ses nouvelles et simplement parfait, le suspense et l’angoisse parfaitement maîtrisés. Ce ne sont pas que des histoires de fantomes dans ce recueil, mais également des récits étranges comme A Perplexing case (un cas déroutant) où deux soldats blessés par le même obus voient leurs personnalités, ou plutôt leurs esprits, leurs âmes pourrait-on dire, dans le corps de l’autre… de quoi rendre perplexes les médecins !

Dans The Death Mask, un homme qui a promis à sa défunte épouse de ne pas se remarier se voit poursuivi par le masque mortuaire de celle-ci quand il tombe amoureux… Dans Beyong the Pale, pas de fantôme, mais une malédiction lancée par une sorcière dans le lointain Far West…  La nouvelle The crimson Blind (le Rideau Cramoisi) raconte une hantise qui se répète à 20 ans d’intervalles… Un jeune garçon est témoin d’un phénomène paranormal dans le jardin d’une maison inhabitée… mais croit être la victime d’une mystification organisée par ses cousins… Vingt ans plus tard, il est invite chez des amis jeune mariés qui ont acheté cette maison (qu’il avait oublié)… et la chambre hantée va se charger de lui rafraichir la mémoire…  Dans Parson Clench, un malheureux ecclésiastique est chassé de la paroisse qu’on lui offre par le fantôme de son prédécesseur qui n’a pas l’intention de laisser sa place, même mort !

Beaucoup de nouvelles sont reliées à la Première Guerre mondiale, beaucoup de soldats blesses expérimentant une hantise au retour au Pays. Certaines nouvelles sont touchantes, certaines aventures sont tragiques, d’autres se terminent bien… Ces 17 contes offrent  une belle variété.

Pour lire The Death Mask (en Anglais), c’est ici : Mystery and Imagination

Pour en savoir plus sur H.D. Everett (en anglais), visitez The Haunted Library

 

Quelques lectures en Novembre…

 

Bracelet of Bones de Kevin Crossley-Holland

9691588Après vérification, ce livre qui se classe dans la littérature ado n’est pas traduit en français, mais l’auteur Kevin Crossley-Holland a une trilogie sur le roi Arthur traduite dans 24 langues (dont le français), et si cette série est aussi agréable à lire que ce roman… Bracelet of Bones est l’histoire de Solveig, une jeune Viking qui se réveille un matin pour découvrir que son père est parti pour la lointaine Constantinople pour honorer une promesse faite à son compagnon d’armes et Chef de guerre, Harald. Halfdan avait pourtant promis à sa fille, orpheline de mère de l’emmener avec lui… Soveig reste quelques mois avec sa belle-mère et les fils de celle-ci, mais sa décision est prise, elle va suivre son père…

Ce roman est le périple de Solveig, qui va partir de son village natal et traverser l’Europe, la Russie, pour arrive à Constantinople, croisant des personnages plus ou moins recommendable, et nous faisant découvrir la culture des Vikings et des peuples  avec qui il commercait ou contre qui ils combattait. Un récit très intéressant historiquement parlant, mais également très prenant. Solveig, du haut de ses 14 ans est très attachante.

Le second volume de cette saga est d’ailleurs dans ma liste de livres « recherchés »… (longue, longue liste)

Devoured de M.E. Meredith

devouredwb2Acheter pour juste une £ à cause de la couverture… et oui, parfois je suis affreusement superficielle ! j’ai adoré ce roman policier situé à l’Epoque victorienne dont l’enquêteur est un médecin légiste, une disciple qui balbutiait à l’époque et que beaucoup regardait avec suspicion.

L’enquête de Devoured commence par l’assassinat de Lady Bessingham, femme indépendante et protectrices des scientiques et explorateurs à une époque de frénésie quant à l’exploration des lointaines contrées sauvages (et de massacres de pauvres animaux sans défense au nom de la science… mais cela est une autre histoire!). Le professeur Adolphus Hatton est appelé sur les lieux… Il travaille en temps que médecin-légiste au Saint Bartholomew hospital (tiens, tiens, cela doit vous rappeler quelque chose 😉 ) le meurtre d’une lady, cela ne doit pas faire de vague… donc, on convoque le meilleur, même si son domaine d’expertise est méprisé par beaucoup… Cependant l’inspecteur chargé de l’enquête s’inquiète plus de sa renommée que des preuves. La police est sur les dents, et l’assistant du légiste, un français nommée Albert Roumande, a beau essayé de se servir de cette occasion pour mettre en lumières des meurtres de fillettes, les pauvres assassinés n’intéressent personne…

Vous l’aurez deviné, Lady Bessingham n’est que la première victime d’une liste conséquente… Beaucoup de vilains secrets seront dévoilés entre les pages du livre, dans une intrigue qui se tient parfaitement et qui engage son lecteur aux côtés de deux personnages très différents, mais complémentaires, Hatton et Roumande. Je ne suis pas une spécialiste des sciences, mais j’ai l’impression que l’auteur a bien fait ses devoirs, et la naissance de la science légiste, ses balbutiements face à la religion qui la condamne encore me semble bien représenter… Autres temps, autre moeurs, mais l’ère victorienne est le temps de la modernité en action…

là encore, je me pencherai sur la suite, The devil’s ribbon… Tout un programme.