Nous sommes en 1980, et alors que Jason, Mike Myers et Leatherface font leurs offices à grands coups d’hémoglobine, un petit film d’horreur traditionnel et au budget minuscule fait son entrée en salle… Certes, certes, les masques des monstres ont été acheté dans une boutique de farces et attrapes en dépôt de bilan, cependant, ce film a été pour moi une découverte et fait partie des films d’horreurs que j’emmènerai sur une île déserte, ou plutôt dans un château des Carpates (restons dans l’ambiance).
Le Club des monstres (réalisé par Roy Ward Baker) doit se voir comme un petit joyaux, dépourvu ni d’humour, ni d’humour noir et encore moins de frisson. Ainsi, rencontrons Eramus, vampire assoiffé mais n’ayant pas perdu ses bonnes manières, qui se désaltère au cou d’un écrivain d’horreur, et l’invite (pour se faire pardonner, et un peu mousser, soyons honnête) à son club… So British ! mais, voilà, ce club est un club des monstres… Eramus va donc offrir à R. Chetwynd-Hayes quelques divertissements à sa mesure.
Film à sketchs (bien que j’ai du mal avec le terme, qui me rappelle plutôt la comédie que l’horreur, mais bon…), le Club des monstres offrent 3 histoires d’horreurs entrecoupées par le bavardage d’Eramus et de l’écrivain et de très bons numéros musicaux (pas très bien filmé cependant pour l’hilarant Sucker for your Love ; quelqu’un a dû oublier de mettre des bandes dans la caméra… c’est arrivé avec les meilleurs, je pense à un concert de Queen…).
Les trois contes d’Eramus ont chacun leur tonalité : Le Shadmock (James Laurenson, acteur shakespearien) est une bien triste créature qui n’a qu’un seul pouvoir, siffler… Seul dans son château avec ses trésors, il cherche l’amour, ou tout au moins à ne plus être seul, la jeune femme qui répond à son annonce pour l’aider à cataloguer ses trésors pourraient être la solution… ou pas. Cette histoire est bien mélancolique, et au final, qui sont vraiment les monstres ?…
les Vampires : un petit garçon pas très heureux à l’école se demande ce que son papa fait dans la vie. Il travaille la nuit, dort toute la journée et lui à dit de faire très attention aux hommes avec des étuis à violon (Donald Pleasence, le célèbre docteur Loomis de la série de film Halloween, joue ici les chasseurs de vampires). Sans vous dévoiler la chute de cette histoire, elle est bien plus légère que la précédente. C’est presque un épisode de Fais moi peur.
les ghoules est un récit classique puisque un personnage (pas très sympathique réalisateur de films d’horreur) se retrouve au milieu de nulle part dans un village qui semble figé des siècles dans le passé et peuplé de créatures effrayantes à l’exception de l’innocente Luna…
Trois histoires « édifiantes » d’après Eramus (et je suis assez d’accord avec lui), qui sont contrebalancés par des moments festifs, les intermèdes musicaux : Les chansons entendues dans le Club sont Monster Rule O.K. par The Viewers, Sucker for your love par B. A. Robertson, The Stripper par Stevie Vann et son groupe Night, et Monster Club par The Pretty Things, 25 Per cent par UB 40 mais le groupe n’apparaît pas dans le film. Les musiques additionnelles sont de John Williams, excusez du peu ! Mon coeur balance entre Sucker for you love, le texte est à mourir de rire et Stripper, la chanteuse est exceptionnelle et la stripteaseuse n’est peut-être pas la plus douée qui soit, mais en tout cas, elle est la plus originale que j’ai vu (je soupçonne d’ailleurs Robbie Williams d’avoir vu ce film…).
La conclusion du film est sans prix, de mon point de vue. Je ne vous dévoile rien, mais le discours d’Erasmus m’a toujours semblé frappé au coin du bon sens, et l’humour est bien là. Ce film malgré ses moyens limités est une perle du genre à conserver et à apprécier à sa juste valeur. Oubliez les masques en caoutchouc et réfléchissez à la philosophie de ces monstres… tous en vous trémoussant sur l’hymne du club… auquel j’adhère de suite 😉 .