Etat Critique de Gordon Zola & Sterin

état critiqueTout d’abord merci à l’auteur pour le cadeau ! En revenant de Paris après une certaine signature, ma valise était réellement pleine de livres (mon sport à moi, soulever des piles de bouquins !… les bibliothécaires et autres libraires sont des athlètes qui s’ignorent…) et donc, certaines lectures ont pris plus de temps que d’autres… Ce livre a attendu un peu… mais le plaisir en est d’autant plus grand!

Etat Critique… ce n’est pas un livre sur notre pauvre société qui va de plus en plus mal, mais un livre sur la littérature… Comment va-t-elle ? pas très bien non plus… N’allez pas croire que Gordon Zola théorise sur la déliquescence du monde livresque (quoique…) ; il s’intéresse à un autre domaine de la littérature, la critique. Croyez-moi, la critique est quelque chose qui me perturbe en tant qu’auteur, et que je pratique pourtant à mon humble niveau en tant que Bloggeuse… (schizophrénie, quand tu nous tiens…). Je lisais récemment sur un blog (j’ai oublié lequel, j’ai honte!) que le couple auteur-critique est indissociable, que l’un n’existe pas sans l’autre, et vice-versa… et je ne peux qu’adhérer. Mais premièrement, la critique peut faire très mal et secondement, surtout quand elle est dirigée… Gordon Zola met en effet, et avec humour, le doigt sur un problème évident, c’est que le critique n’est jamais neutre (moi la première… j’avoue ! ), et que pire encore, la critique peut être faite par intérêt…

C’est là que l’on peut commencer à s’amuser, car Gordon Zola nous offre un guide du critique cynique débutant, illustré (avec talent) par Sterin, sous-titré Le petit Nemmour et Zaulleau illustré. Vous pourrez ainsi apprendre comment orienter votre critique en fonction de votre public : égocentrique, perverse, amphigourique, dithyrambique, argotique, de copinage, etc. Pour chaque critique, un auteur (têtes d’affiche actuelles ou grands classiques) dont Gordon Zola lui-même (dythyrambique, 😉 ).

J’ai passé de très bons moments à picorer les pages de ce livre qu’on peut lire parmi d’autres lectures, puisque chaque « critique exemplaire » fait une page, accompagnée d’une illustration tout aussi drôle et d’une citation. Dans un monde littéraire en perdition qui se prend souvent trop au sérieux (il faut être honnête), il est très amusant de voir la critique décortiquée et critiquée à son tour… comme disent les Britanniques « Everyone is a critic », au moins ici, les flèches de Parthes finissent en éclats de rire.

Présentation éditeur :  Enfin le premier guide à destination des critiques littéraires confirmés ou en herbe. Le Petit Nemmour-Zaulleau illustré est un nouvel « exercices de style » à la Queneau adapté à l’art de la critique, accompagné de 40 caricatures drôlissimes. Fatigué de voir l’objet de votre passion, le livre, aux mains d’une critique devenue  flagorneuse, indigeste, mercantile, réductrice, aux ordres, mollassonne, convenue, prévisible et inefficace, vous avez décidé d’agir et de vilipender vertement le confort intellectuel dominant… Il vous manquait l’outil ad hoc ! Le voici : ETAT CRITIQUE, Le Petit Nemmour-Zaulleau illustré. Le guide critique qui  vous permettra de devenir ce nouvel Hercule face aux écuries d’Augias que sont devenues les Lettres françaises. »

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lectures de Janvier 2014

Le mois de Janvier peut-être qualifié d’orgie livresque aux vues de la liste qui suit… L’enthousiasme pour la pile de livres arrivés à Noël, sans doute… Certains ont déjà leurs chronique, auxquelles, je vous renvoie. J’ai été très infidèle à Arsène ce mois-ci, les livres Holmésiens ayant été légion sous le sapin :

Sherlock Holmes and the Hentzau affair de David Stuart Davies, Le Mystère Sherlock de J.M. Erre et Les Exploits de Sherlock Holmes d’Adrian Conan Doyle et John Dickson Carr (chronique à venir). Enfin, chez J.M. Erre, Lupin n’est pas loin malgré tout…

hentzau

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mystère sherlock

j’en suis revenue au gentleman-cambrioleur grâce à  Arsène Lupin de A à Z de Philippe de Côme et quelques relectures (notamment Arsène Lupin contre Herlock Sholmès… allez donc faire un tour du côté de ma page Les Aventures d’Arsène Lupin pour en savoir plus!)

al de a à zEnsuite, ce fut une lecture « sérieuse » en rapport avec L’ami Arsène, puisqu’elle concernait le créateur d’un de ses illustres émules, Edgar Pipe. Arnould Galopin de Pierre Chevallier retrace la vie et les oeuvres d’un auteur populaire injustement oublié. Une chronique complète arrivera à l’occasion du 151ème anniversaire de sa naissance, le 9 février prochain.

couverture biographie

J’ai continué à revisiter mes classiques avec La princesse de Montpensier de Mme de Lafayette (suivi de La Comtesse de Tende). J’étais curieuse de lire ce court texte depuis que j’avais vu le film de Bertrand Tavernier (chroniqué ICI). J’avoue que le film a offert un souffle épique à ce texte court qui  est plus éducatif qu’épique (l’adultère à l’époque, on ne plaisantait pas  avec ça 😉 ).

montpensierPrésentation éditeur :  A la fin de la Renaissance, le duc de Guise s’éprend de Mlle de Mézières. Mais bien qu’elle l’aime aussi, la jeune fille est contrainte d’épouser le prince de Montpensier. Trois ans plus tard, un jour qu’il a perdu son chemin près du château de la princesse, le duc la rencontre au bord d’une rivière où elle est venue se reposer : elle rougit à sa vue, et lui-même comprend aussitôt que sa propre passion n’est pas morte.
Publié en 1662, le court récit de La Princesse de Montpensier fonde l’art classique de la nouvelle. Plus concise encore, et sans doute écrite la première, La Comtesse de Tende, qui resta inédite jusqu’au XVIIIe siècle, raconte elle aussi l’histoire d’un amour adultère, mais d’une noirceur plus grande. Car la noblesse et la magnificence des personnages ne doivent pas nous tromper. Mme de Lafayette jette sur la condition humaine un regard sombre et les deux héroïnes sont précipitées à l’abîme : La Princesse de Clèves leur fera bien plus tard écho.

lartJ’ai poursuivi dans le sérieux avec L’art d’avoir toujours raison d’Arthur Schopenhauer. Je ne sais pas si grâce au philosophe allemand j’aurais toujours le dessus dans une discussion (pas sûre…), mais j’admire l’art de la dialectique avec laquelle il prouve que c’est faisable (même si parfois il faut user de la mauvaise foi et du mensonge… la rhétorique est aussi une guerre!). Attention, ne pas prendre ce livre pour une lecture détente, vous risqueriez d’en ressortir avec un gros mal de tête (ou d’abandonner tout simplement) !

Présentation éditeur : L art d avoir toujours raison est un précis à usage des disputeurs, des contradicteurs et de toute personne ayant pour but de faire éclater la grande vérité (réelle ou fantasmée) de ses propres thèses, et de faire tomber les arguments fallacieux de ses adversaires, par des techniques applicables en tout lieu et en toute époque. 
Très argumenté, brillamment structuré, et ne manquant pas d humour, ce texte fait montre d une grande culture, d une belle clarté, et d une certaine ironie, qui vise en transparence la mauvaise foi de chacun de nous.

Après une telle lecture, il fallait bien rire un peu. En dehors du roman Le père Denoël est-il une ordure ? de Gordon Zola que j’ai chroniqué au terme de ma lecture, j’ai également lu Etat Critique du même auteur (chronique à venir).

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J’ai ensuite basculé du côté obscur, mon autre passion (si on oublie Arsène Lupin, Queen, les teckels… soit, une de mes autres passions !), le fantastique, le surnaturel et l’horreur (rire démoniaque). Vous avez pu lire ma critique de The Woman in Black de Susan Hill, associée à des réflexions sur son adaptation théâtrale et cinématographique.

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Je publierai dans les semaines à venir une chronique de La Vouivre de Marcel Aymé, puisque j’ai enfin lu le roman, après avoir vu le film de Georges Wilson il y a quelques mois. Là aussi l’adaptation est au coeur de l’article. 

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Toujours à venir, une chronique de A la recherche de Dracula . Carnet de voyage de Jonathan Harker de Pascal Croci et Françoise-Sylvie Pauly, un très beau livre qui mêle textes et dessins et revisite le voyage de Jonathan Harker vers les Carpates du seigneur de la nuit… (Chronique : ICI)

A la recherche de Dracula, carnet de voyage de Jonathan Harker

Enfin, dernier livre de cette longue liste, The Hobbit de J.R.R. Tolkien. J’ai lu le roman en version française il y a des années, au moment de la sortie de la trilogie du Seigneur des anneaux, je pense.  J’ai eu envie de découvrir le texte original à cause de la seconde trilogie qui semble s’annoncer sous les meilleurs hospices. Le premier film est très fidèle à l’oeuvre, avec la patte de Peter Jackson en prime, et je suis impatiente de voir le second (en V.O. ce qui explique que ce n’est pas encore fait). Le roman est charmant, porte en germe le Seigneur, même s’il est bien plus léger, destiné aux enfants, et Bilbo est un héros bien sympathique, puisque le pantouflard hobbit se révèle finalement – à sa propre surprise – un grand aventurier…

Présentation éditeur : Bilbo, comme tous les hobbits, est un petit être paisible et sans histoire. Son quotidien est bouleversé un beau jour, lorsque Gandalf le magicien et treize nains barbus l’entraînent dans un voyage périlleux. C’est le début d’une grande aventure, d’une fantastique quête au trésor semée d’embûches et d’épreuves, qui mènera Bilbo jusqu’à la Montagne Solitaire gardée par le dragon Smaug… Prélude au Seigneur des anneaux, Bilbo le Hobbit  a été vendu à des millions d’exemplaires depuis sa publication en 1937, s’imposant comme l’un des livres les plus aimés et les plus influents du XXIème siècle.

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Bonne lecture !

Le Père Denoël est-il une ordure ? de Gordon Zola

denoel1Passez une journée sur un salon du livre aux côtés de Gordon Zola est une expérience inoubliable. L’homme est à l’image de ses livres, drôle et jamais avare de bons mots. J’ai donc eu très envie de le lire, et mon voyage à Paris m’a permis d’aller le saluer rue Daguerre, dans l’antre du Léopard, et de me faire dédicacer quelques-uns de ses ouvrages, dont Le Père Denoël est-il une ordure ?

Avant Gordon Zola, je ne savais même pas que Robert Denoël avait été assassiné; l’éditeur n’était pour moi qu’un nom sur une couverture.  J’étais donc très curieuse de ce roman, plus du point du vue historique, et je ne m’attendais pas à un tel plaisir de lecture indépendamment de ce roman-enquête sur la fin violente de l’éditeur le 2 décembre 1945. Car, Si Gordon Zola revendique un genre nommé le « poilar » (polar poilant), il a aussi la plume acérée comme un coup de griffe. Le livre est drôle, les jeux de mots sont légions, mais l’épuration est aussi montrée dans toute son horreur. L’auteur ne se voile pas la face et nous dévoile les vilains dessous de la libération ; résistant de la dernière heure (voire de celle d’après) et hypocrites en tout genre en prennent pour leur grade.

Présentation éditeur : L’éditeur de Louis-Ferdinand Céline assassiné dans des conditions aussi mystérieuses que rocambolesques ! Maître Lucien Bonplaisir, avocat de l’édition et directeur de l’association « SOS femmes tondues » se voit plonger dans les méandres d’une affaire terrible… dans laquelle les criminels courent encore (c’est une image) ! Un grand éditeur, fleuron des lettres françaises, tué, pillé, spolié, oublié…
Ne tombons pas en panne de décence ! CHERCHONS LA VÉRITÉ ! 

Il est important de souligner que près de 70 ans après les faits, la lumière n’a pas été faite sur ce crime, que les zones d’ombres s’apparentent à des tunnels et qu’il est bien possible qu’on ne sache jamais, quoique je pense que Gordon Zola n’est pas loin de la vérité (ce qui serait un comble pour une fiction… mais comme disait Oscar Wilde, « la vie imite l’art »… Donc…).

Quoiqu’il en soit, Gordon Zola secoue le cocotier de cette vilaine période que fut l’épuration, qui n’est pas à la gloire de la nation libérée, tout en divertissant son lecteur. Il réussit le difficile exercice de faire un portrait fidèle d’une période trouble, qui montre bien que la nature humaine n’est pas à l’image de ce que Monsieur Rousseau nous déclarait dans l’Emile (elle est loin d’être naturellement bonne, je pense plutôt que les « bons » sauvages sont toujours cannibales), tout en faisant rire. Il appuie là où ça fait mal, mais cela se fait avec légèreté, force jeux de mots ; un humour incisif.

En résumé, si vous savez déjà que le milieu de l’édition est une jungle et l’humanité un drôle de zoo, vous en aurez une nouvelle preuve. Si vous ne le saviez pas, venez le découvrir, ça ne vous empêchera pas de rire. Rire intelligent, c’est quand même mieux, non ?

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« Au bal des hypocrites, l’affaire Denoël a fait danser beaucoup de monde »

Lucien Bonplaisir