Rien à voir avec la Brigade… Clémenceau était le tigre du commissaire Valentin, mais ici, la bête est bien plus terrible, parce que cachée dans l’ombre et travaillant à la la captation d’un héritage de 200 millions. Arsène Lupin alias Don Luis Perenna, qui a rejoint la légion étrangère après le fiasco de 813 se retrouve exécuteur testamentaire face à un sombre exécuteur option bourreau… Les cadavres s’amoncellent, et le point commun entre tous, c’est la jolie Florence Levasseur…
Voilà un roman des plus sombres parmi les aventures d’Arsène Lupin. Maurice Leblanc écrit à la sortie du premier grand conflit mondial, et Lupin n’est plus le léger malandrin des débuts : il a mûrit, il a fauté, et il a appris… Après 813, Les Dents du tigre est un des romans de la « purification »… Lupin laisse son ego de côté et joue les justiciers (L’Eclat d’Obus, L’île aux trente cercueils…) : » La légende héroïque de Perenna […] mettait en relief l’énergie surhumaine, la témérité prodigieuse, la fataisie étourdissante, l’esprit d’aventures, l’adresse physique et le sang-froid d’un personnage singulièrement mystérieux qu’il était difficile de ne pas confondre avec Arsène Lupin, mais un Arsène Lupin nouveau, plus grand, ennobli par ses exploits, idéalisé et purifié. » Après un tel portrait, le pauvre Perenna a du mal à conserver son identité secrète… Etre un surhomme, ça se remarque…
Ce roman développe un point très intéressant dans le personnage : le masque. J’en ai parlé longuement dans mon essai (Arsène Lupin & Cie, pour ceux qui ne suivent pas), et Les Dents du tigre en est une parfaite illustration… Lupin, entité désincarné peut tout… Perenna, qui a un état civil, un grade dans la légion, une fonction dans le roman (l’exécuteur testamentaire de son ami Cosmo Mornington), est beaucoup plus limité… En effet, il n’est pas à l’abri d’être suspecté par la justice, et s’il veut que ses actions restent légitimes, il doit rester Perenna, à ses risques et périls…
Quelques couvertures :