Le compte à rebours final…

Plutôt que de dire adieu à cette année 2013 avec le sempiternel « ce n’est qu’un au revoir » (totalement faut d’ailleurs, c’est un adieu !), j’ai choisi de rester dans l’esprit rock que j’affectionne temps…

Donc, comptons les minutes qui restent avec énergie, comme le fait si bien le groupe Europe depuis 1986.

Et, pour un peu de douceur, et puisque c’est monsieur Brian May qui le dit, je vous laisse entre les mains des Dieux, In the Laps of the God…

Bon Réveillon ! A l’année prochaine 😉

LES AVATARS D’ARSENE LUPIN – Partie 2

Pourquoi d’autres noms, d’autres vies ?

ALGC cArsène Lupin est un hors-la-loi et le métier de cambrioleur nécessite certaines précautions. Cependant, cela ne justifie pas un tel foisonnement identitaire : Au cours des vingt-deux romans et recueils de nouvelles qui mettent en scène Arsène Lupin, on dénombre plus de cinquante identités différentes. Dès la première apparition du gentleman, ce n’est pas Arsène Lupin qu’on rencontre, mais un jeune dilettante en voyage d’agrément, Bernard d’Andrésy… Le ton est donc donné, Arsène Lupin avance masqué : même emprisonné, il réussit à devenir un autre afin d’obtenir sa liberté. Désiré Baudru, deuxième incarnation de Lupin dans le premier recueil nous montre à quel point il est aisé pour lui de devenir autre, tout est affaire de volonté : « Aidé par une volonté complice, il [Ganimard] retrouvait la vie ardente des yeux, il complétait le masque amaigri, il apercevait la chair réelle sous l’épiderme abîmé, la bouche réelle à travers le rictus qui la déformait. » (« L’évasion d’Arsène Lupin ») Ici, le mot « masque » est essentiel. Pour Arsène Lupin son propre visage est un masque d’argile malléable selon sa volonté.

Désiré Baudru, le clochard substitué au gentleman-cambrioleur pendant le retentissant procès d'Arsène Lupin...

Désiré Baudru, le clochard substitué au gentleman-cambrioleur pendant le retentissant procès d’Arsène Lupin…

Il y a chez Arsène Lupin comme un désir originel de changement, de métamorphose, qui l’entraîne vers l’aventure : « Raoul d’Andrésy sera général, ou ministre, ou ambassadeur, à moins que ce ne soit Arsène Lupin. C’est une chose réglée devant le destin, convenue, signée de part et d’autre » (La Comtesse de Cagliostro), déclare un jeune homme de vingt ans, qui refuse encore le patronyme qui le rendra célèbre ; car si Raoul d’Andrésy est une des incarnations favorites de Lupin, c’est Arsène Lupin le grand homme. L’aventurier demeure Arsène Lupin, ses autres identités lui permettent de vivre non pas une, mais des vies plus ou moins ordinaires, plus ou moins rangées : il y a par exemple le légionnaire Perenna qui se bat pour la France, ou Victor, simple policier, ou encore le baron de Limezy, explorateur. Que de vies différentes pour un seul homme… victor

Cependant, la passion de l’aventure n’est pas tout. Lupin est un cambrioleur et un mondain tout à la fois : « le fantaisiste gentleman qui n’opère que dans les châteaux et les salons » (« L’Arrestation d’Arsène Lupin »). Pour opérer dans les salons, il faut en être un habitué. De là, Lupin, nouveau type de héros qu’Yves Olivier-Martin définit comme un « anarcho-mondain » (« Le Bal des voleurs, in Europe n° 604-605) se présente de nouveau comme un étrange paradoxe : loin d’être un voleur de grands-chemins, il apprécie plus que tout le confort d’une vie réglée. Lupin aime le luxe et la reconnaissance, c’est pour cela qu’il choisit des identités telles que celle du prince russe Paul Sernine : l’apparence et la possession sont très importantes pour Lupin. Le gentleman a besoin d’être l’objet de la reconnaissance sociale : prince, baron, homme du monde, ses identités les plus courantes se placent toujours dans la haute société. S’il est le fils d’un homme du peuple, Lupin a su se métamorphoser selon ses propres goûts et ses propres aspirations

Mais cette aspiration à atteindre les sommets n’est pas tout. La multiplication des identités à un autre but qui met en jeu la question d’existence.

à suivre…

(Les avatars d’Arsène Lupin – Partie 1)