He ain’t Heavy, He’s my brother

Voici une ballade que j’ai entendu dans une émission de la BBC il y a quelques mois… J’étais en train de lire, et il a fallu que je lève les yeux, que je sache qui chantait… Parfois, c’est ainsi qu’on découvre un « nouveau » groupe… qu’on découvre une musique qui a quelque chose de plus… Tous les tubes de Top of the Pop ne sont pas restés… au Top, mais les Hollies sont de ces groupes qui restent pour des décennies, et des décennies.

Fondé en 1962, et toujours là par les routes et en studio (un exploit dans le monde du rock), les Hollies sont un groupe Anglais de soft rock, pop… La voix est très importante pour ce groupe, les harmonies vocales sont aussi présentes que les instruments. C’est ce qui m’a « accrochée », je pense.

He ain’t heavy, He’s my brother vient d’une anecdote parlant d’une petite fille qui portait avec difficulté un bébé dans ses bras, mais quand on voulu la soulager de son fardeau, elle répondit : Il n’est pas lourd ; C’est mon frère. Et j’ai appris que ce type de phrase est un(e?) paraprosdokian, c’est-à-dire une figure de style où la dernière partie d’une phrase est étonnante ou inattendue, de telle sorte que le lecteur doit revoir sa compréhension de l’affirmation. Le plus souvent utiliser pour un ressort comique (par exemple : « si je te donnais raison, on aurait tout les deux tort »), ici, c’est clairement le Pathos qui l’emporte… J’arrête là l’analyse et vous propose de simplement écouter cette belle ballade.

 

Arsène Lupin contre Arsène Lupin

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Ce film d’Edouard Molinaro  commence sur l’enterrement d’un monsieur important, et insoupçonnable, André Laroche. A cet enterrement, on rencontre le Vicomte François, jeune oisif de la haute société  à qui sa mère confie qu’il n’est pas le fils du Comte de Vierne, mais celui d’André Laroche (ça fait plaisir à François, qui n’est pas fou de son papa de nom, mauvais coucheur et empêcheur de voler en rond). On découvre aussi au fond de l’église un second jeune homme, Gérard Dagmar, artiste de cabaret et… fils naturel d’Arsène Lupin. Lui aussi vient pleurer son papa…

J’avais vu ce film il y a des années (enregistré par un ami sur une chaîne câblée puisque mise à part Arte, les chaînes générales semblent avoir une aversion pour le noir et blanc), et je le retrouve en DVD, édité chez Gaumont (à qui je ferais bien une remarque : ça serait gentil de restaurer les films, plutôt que de simplement les copier sur DVD… je sais, ça coûte des sous, mais conserver la mémoire du cinéma, ça vaut de l’or ! … bon, passons). J’avais donc vu ce film il y a des années, et j’en avais gardé un souvenir charmant. Jean-Pierre Cassel et Jean-Claude Brialy sont des acteurs que j’adore, et dans le rôle des fils illégitimes de l’ami Lupin, ils sont parfaits.

L’intelligence du scénario de Georges Neveux (en collaboration avec François Chavanne et Edouard Molinaro), est de diviser Lupin… Ainsi, chacun de ses rejetons a reçu certaines des qualités, mais pas l’intégralité, ils sont différents l’un de l’autre, comme deux incarnations de feu leur père (clin d’oeil à Lamoureux, son portrait trône chez François de Vierne, et le nom d’André Laroche vient du film d’Yves Robert où il interprétait le rôle). Pendant tout le film, les deux jeunes gens luttent l’un contre l’autre, avec les armes innées qui leur ont été léguées.

François (Brialy) est froid, manipulateur et rappelle plus le Lupin des textes sombres comme Les Dents du Tigre ou le Bouchon de Cristal. Il planifie, il veut la richesse, il a déjà sa bande, et la noblesse que Lupin dérobait sans cesse. Gérard est plus léger, danseur, magicien, il commet des vols et laisse la carte de son père pour lui rendre hommage. Il joue les chevaliers blancs face aux belles princesses en péril et en exil (Geneviève Grad), même s’il papillonne ailleurs (Françoise Dorléac, charmante en femme libérée qui sait tout de son amant mais ne lui en tient pas rigueur). Ils ont tous les deux l’humour de leur papa, sa fantaisie, et ne sont pas enclin à verser le sang.

En compétition, ils se mettent des bâtons dans les roues, des bâtons particulièrement amusant et n’oublie pas de se moquer de la république et de la police, incarné par ce brave Ganimard (Henri Virlogeux qui fut le Herlock Sholmès du Lupin de Descrières). Deux jolies canailles qui ne manque pas de panache jouées par deux jolis acteurs alors à l’aube de leur carrière… L’esprit de Lupin est là, et c’est un délice que de suivre leurs aventures… 

Film de 1964, réalisé par Edouard Molinaro. Avec Jean-Claude Brialy, Jean-Pierre Cassel, Françoise Dorléac, Geneviève Grad, Jean Le Poulain, Michel Vitold, Daniel Cauchy, Anne Vernon et André Virlogeux.