Le Tigre de William Blake

Peintre et poète anglais de la période Romantique (1757-1827), William Blake a créé une oeuvre riche qui a fait polémique… Ce n’est pas le propos ici, et je vous propose simplement ce poème pour sa beauté. Pour sa symbolique, chacun y verra ce qu’il souhaite, c’est cela la poésie… S’il y a bien un genre qu’il ne faut pas analyser, mais ressentir, c’est la poésie.

Tigre! Tigre! feu et flamme
Dans les forêts de la nuit,
Quelle main ou quel oeil immortel,
Put façonner ta formidable symétrie?
Dans quels abîmes, quels cieux lointains
Brûla le feu de tes prunelles?
Quelle aile osa y aspirer?
Quelle main osa saisir ce feu?
Quelle épaule, quel savoir-faire tordirent les fibres de ton coeur?
Et quand ce coeur se mit à battre, quelle terrible main?

Quels terribles pieds ?
Quel fut le marteau ?
Quelle la chaîne ?
Dans quel brasier fut ton cerveau ?
Sur quelle enclume ?
Et quelle terrible étreinte
Osa enclore ses mortelles terreurs ?
Quand les étoiles jetèrent leurs lances
Et baignèrent le ciel de leurs larmes,
A-t-il souri à la vue de son oeuvre ?
Celui qui fit l’Agneau, est-ce lui qui te fit ?
Tigre ! Tigre ! feu et flamme
Dans les forêts de la nuit,
Quelle main, quel oeil immortel
Osèrent façonner ta formidable symétrie ?

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Invictus by William Ernest Henley

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Ce poème, que William Ernest Henley (1849-1903) a écrit à cause de la souffrance endurée suite à une terrible maladie est une inspiration… Elle fut celle de Nelson Mandela, emprisonné pendant plusieurs décennies. Elle a donné son titre au film de Clint Eastwood, dont Mandela est un des personnages principaux. Ce poème est puissant, et je retiens les deux dernier vers comme un mantra : « Je suis le maître de mon destin, Je suis le capitaine de mon âme. »

INVICTUS

(traduction française à la suite)

Out of the night that covers me,
Black as the pit from pole to pole,
I thank whatever gods may be
For my unconquerable soul.

In the fell clutch of circumstance
I have not winced nor cried aloud.
Under the bludgeonings of chance
My head is bloody, but unbowed.

Beyond this place of wrath and tears
Looms but the Horror of the shade,
And yet the menace of the years
Finds and shall find me unafraid.

It matters not how strait the gate,
How charged with punishments the scroll,
I am the master of my fate,
I am the captain of my soul.

INVAINCU

Traduction (d’après la traduction utilisée dans Invictus de Clint Eastwood) :

Dans les ténèbres qui m’enserrent,
Noires comme un puits où l’on se noie,
Je rends grâce aux dieux quels qu’ils soient,
Pour mon âme invincible et fière,

Dans de cruelles circonstances,
Je n’ai ni gémi ni pleuré,
Meurtri par cette existence,
Je suis debout bien que blessé,

En ce lieu de colère et de pleurs,
Se profile l’ombre de la mort,
Et je ne sais ce que me réserve le sort,
Mais je suis et je resterai sans peur,

Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.

O capitaine, mon capitaine de Walt Withman

Je n’ai jamais partagé de poésie sur ce blog, parce que je n’aime pas analyser la poésie… Cela doit être une émotion, chacun doit y trouver sa « madeleine » et décortiquer les vers a toujours été quelque chose que je détestais… Mais après tout, je peux simplement vous « offrir » de temps à autre un poème, et vous laisser en tête à tête avec lui… 

J’ai parlé dans le gâteau littéraire de Walt Withman et de ce poème, donc le voici pour ceux qui ne le connaissent pas… 

Ô Capitaine ! Mon Capitaine !

Notre voyage effroyable est terminé

Le vaisseau a franchi tous les caps, la récompense recherchée est gagnée

Le port est proche, j’entends les cloches, la foule qui exulte,

Pendant que les yeux suivent la quille franche, le vaisseau lugubre et audacieux.

Mais ô cœur ! cœur ! cœur !

Ô les gouttes rouges qui saignent

Sur le pont où gît mon Capitaine,

Étendu, froid et sans vie.

Ô Capitaine ! Mon Capitaine !

Lève-toi pour écouter les cloches.
Lève-toi: pour toi le drapeau est hissé, pour toi le clairon trille,

Pour toi les bouquets et guirlandes enrubannées, pour toi les rives noires de monde,

Elle appelle vers toi, la masse ondulante, leurs visages passionnés se tournent :

Ici, Capitaine ! Cher père !

Ce bras passé sous ta tête,

C’est un rêve que sur le pont

Tu es étendu, froid et sans vie.

Mon Capitaine ne répond pas, ses lèvres sont livides et immobiles ;

Mon père ne sent pas mon bras, il n’a plus pouls ni volonté.

Le navire est ancré sain et sauf, son périple clos et conclu.

De l’effrayante traversée le navire rentre victorieux avec son trophée.

Ô rives, exultez, et sonnez, ô cloches !

Mais moi d’un pas lugubre,

J’arpente le pont où gît mon capitaine,

Étendu, froid et sans vie.