St Joseph… Bonne fête Rouletabille, grand frère de…

Rouletabille, le héros de Gaston Leroux apparaît en 1907 dans ce qui est peut-être la plus célèbre affaire de chambre close au monde, Le Mystère de la chambre jaune. Le jeune homme, presque encore un enfant, va prendre sa « raison par le bon bout » pour démêler les fils d’une affaire passablement compliqué.

Joseph Joséphin, alias Rouletabille est certainement l’ancêtre de Tintin, mais pas le descendant de Holmes, qu’il méprise assez – comme Holmes méprisait Lecoq et Dupin – à croire que le génie ne supporte pas la concurrence… Jeune reporter intrépide qui parcourra le monde au cours de ses aventures, orphelin qui a dû affronter la vie seul, c’est le mystère de ses origines qui est au cœur de sa deuxième aventure, Le parfum de la dame en noir paru l’année suivante. S’il se souvient de cette femme mystérieuse, cachée derrière sa voilette, c’est son parfum qui l’a marqué le plus… Rouletabille doit affronter le plus terrible des criminels, et la plus terrible des vérités.

Rouletabille est pour moi le grand frère d’un personnage apparu en 1909, et pour qui j’ai beaucoup de tendresse, Isidore Beautrelet…

logo_12538Dans L’Aiguille Creuse, l’une des plus belles – et des plus dramatiques – aventures d’Arsène Lupin, c’est un gamin de 17 ans qui prépare son « bacho » qui met un instant à mal les plans si bien pensés du gentleman-cambrioleur. Car Isidore pense, comme Rouletabille, en usant de la raison par le bon bout, se rêve journaliste sans doute, aventurier certainement, et comme Rouletabille, s’il n’est pas joli garçon (beau – très – laid), il a l’intellect qui compense tout!

Beautrelet est un miroir du jeune Lupin que l’on rencontre dans La Comtesse de Cagliostro. Il fallait, pour mettre en danger Lupin, quelqu’un qui le comprenne, qui soit plus proche de lui que “le vieux Ganimard”, qui ait encore les illusions, les rêves de l’enfance. Pour découvrir et croire que l’Aiguille d’Étretat est creuse, il faut encore croire aux contes de fées. Le lycéen est sympathique, à Lupin comme au lecteur, et brillant. Sa confiance en lui, son orgueil, sont un miroir de ceux de Lupin : “Il s’était arrêté en face de Lupin et le narguait comme un enfant qui fait une grimace à un camarade.

“ – Qu’en dis-tu, maître ? […] le joli rire ironique qui animait le visage du jeune homme ! Rire nouveau sur ses lèvres, rire où se sentait l’influence même de Lupin… Et ce tutoiement insolent qui le mettait du premier coup au niveau de son adversaire !” Le gentleman-cambrioleur a d’ailleurs du mal à lutter contre ce gamin qui le défie, il a du mal à porter réellement ses coups : “Je t’en prie, renonce… Je serai obligé de te faire du mal, et cela me désole…”

arton1152Quand on y réfléchit, si Isidore est un jeune frère de Joseph, dans Le Mystère de la Chambre jaune, on rencontre le jeune frère de Lupin, qui lui aurait mal tourné : Eugène Ballmeyer : “Ballmeyer fut le type même de l’escroc du grand monde ; il n’était point de gentleman plus gentleman que lui ; il n’était pas de prestidigitateur plus habile de ses doigts que lui ; il n’était point d’Apache […] plus audacieux et plus terrible que lui”.

Décidément, Messieurs Leblanc et Leroux avaient bien des points communs… Cependant, je regrette malgré tout qu’au-delà du Parfum de la Dame en noir, et surtout au-delà des Etranges noces de Rouletabille, Leroux n’ait pas vraiment su quoi faire de son personnage si brillant. Rouletabille ne brille vraiment que dans ses deux premières aventures, alors que Lupin!…

Quant à l’ami Isidore, comme dirait Arsène, si vous voulez entendre encore une fois parler de lui, il faudra me lire, chers amis, car comme le gentleman-cambrioleur, j’ai une grande tendresse pour ce lycéen qui avait réussi là où toutes les polices de France et d’Europe avaient échouées, et je ne pouvais pas ne pas reparler de lui en écrivant mon hommage à Leblanc…43694919

3 réflexions sur “St Joseph… Bonne fête Rouletabille, grand frère de…

  1. A mon grand dam, j’avoue que « le mystère de la Chambre Jaune » ne m’a absolument pas passionnée, à un point tel que j’ai du m’y reprendre à 3 fois avant que de le terminer…

    • c’est vrai aussi que M. Leroux avait une sacrée écriture! Le Fantôme de l’opéra, c’est un drôle de « bazar », style histoire à tiroirs (avec des tiroirs dans les tiroirs…) et circonvolutions… A. Lloyd Webber a bien ramené l’histoire à son stricte nécessaire… Mais j’aime bien le livre. Tu peux essayer « Pouloulou », il faut que je le relise, mais je me souviens d’avoir adoré (il y a 20 ans de ça… 20 ans! :/ )

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