Cher professeur Moriarty (1)

Je ne remets pas en cause les qualités d’auteur de Conan Doyle. Comment le pourrais-je ? Moi qui ait chanté ses louanges depuis des années, et qui, il y a quelques jours encore vous disais à quel point j’ai aimé ses « Contes du Malaise » (Tales of Unease). Mais j’ai le droit de lui faire quelques justes reproches, je pense, et ces reproches concernent « Le Dernier problème » (« The Final problem ») et « La Maison vide » (« The Empty House »).

Sherlock Holmes est un héros qui, 125 après son apparition dans les pages du Stand à encore tant de vie en lui qu’il est revenu ces dernières années dans trois séries télévisées (Britannique, Américaine et Russe bientôt), autant de film (oui, il n’y a pas que Guy Richie, mais aussi le petit ovni produit par The Asylium et réalisé par Rachel Goldenberg en 2010, et qui a ses mérites, croyez-moi et ne vous laissez pas arrêter par les mots « série B »), des pièces de théâtre, des pastiches nombreux et certainement 1encore d’autres œuvres qui m’ont échappé (de la BD au fanart !), alors quel est le but de ces récriminations ??

J’y viens, mais comme tout auteur, je ménage mes effets !

Sherlock Holmes, je l’ai rencontré à l’adolescence avec Le Chien des Baskerville. Cet animal fantastique m’a fait passer par de délicieuses angoisses quand je suivais Watson et Holmes sur la lande désolée de Dartmoor…

Mais dans les aventures de Sherlock Holmes, il y a un parent pauvre, un personnage seulement ébauché  qui aurait mérité un traitement… Le Professeur James Moriarty !

Car le « Napoléon » du crime n’est somme toute qu’une excuse inventé à la va-vite par un Conan Doyle lassé de son détective et qui doit créer un croquemitaine capable de l’en débarrasser. Avant « Le Dernier Problème », il n’y a pas de Moriarty, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il est vite liquidé. Certes la discussion entre les deux personnages est brillante (et devrait être familière à certains) :

« Moriarty : Vous avez déjà eu l’intuition de ce que j’ai à vous dire.

Holmes :  Il est alors probable que vous devinez ma réponse. »

Mais, ne trouvez-vous pas que cette fuite de Holmes à travers toute l’Europe ne ressemble pas à notre courageux détective qui affronte par ailleurs tout les périls sans sourciller ? Qu’a-t-il fait de ses facultés de déduction ? Comment peut-il ne pas essayer de combattre ?

Le croquemitaine est-il si terrible ?

C’est pour cela que je tire mon chapeau à messieurs Gatiss et Moffat (et Steve Thompson, troisième scénariste sur les 2 saisons… Rendons à César…) qui ont su donner au monstre de conte de fée tout son pouvoir d’angoisse et de terreur. Moriarty trouve enfin un rôle à sa mesure en planant, telle l’ombre de la fatalité, sur toute l’existence de Sherlock Holmes et ce dès Une étude en rouge… pardon, en rose.

Le professeur perd son titre mais gagne de la substance, il est réellement le Napoléon du crime, il est réellement l’araignée qui tisse sa toile, il est réellement l’adversaire à la hauteur de Holmes, et plus seulement un fantoche qui permet à Doyle de mettre un terme (du moins le croit-il en 1893) à la carrière de son gênant héros qui a, comme il le craignait, écrasé de son 3génie unique toutes les autres œuvres de son créateur… On en revient toujours au mythe de Frankenstein, le monstre prend vie et n’est plus contrôlable !

Et comme tout bon sérial :

To be continued

Liens :

« Le Dernier Problème » en français : ICI

« Le Dernier Problème » en anglais : ICI

 

Sherlock Holmes (réalisé par Rachel Goldenberg) 2010 :

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15 réflexions sur “Cher professeur Moriarty (1)

  1. Tes remarques sont très justes. Je sais que quelques personnes ont été déçues du Moriarty de la BBC qui est trop loin du Professeur froid et terne qu’elles attendaient.
    De mon côté, comme toi, je suis ravie d’avoir rencontré un vrai méchant, puissant, imprévisible et terrifiant. En plus Andrew Scott est absolument brillant dans ce rôle. Il me fait vraiment peur et j’aime ça !

    • Honnêtement, Doyle n’a vraiment rien fait pour faire de Moriarty le génie du mal qui répond à l’intelligence de Sherlock Holmes. Quand je le compare à tous les monstres qui trainent dans les Arsène Lupin, c’est un grosse déception!

    • il y a peut-être autre chose à essayer. Un ami me parlait récemment du Brigadier Gérard, roman historique qui se passe sous Napoléon et étant professeur d’histoire, il avait été agréablement surpris par la reconstitution historique, ainsi que par la qualité des intrigues! Je n’ai pas lu moi-même mais c’est sur ma liste de lecture. Et personnellement, j’ai été agréablement surprise par les « Tales of Unease » (que j’ai chroniqué en février, je crois), le style est très différent de Holmes.
      Après, c’est selon la sensibilité de chacun!
      et Maurice Leblanc reste mon préféré.

  2. Réhabilitons les « méchant(e)s » ! Ils mettent un peu d’ambiance dans les romans : la sulfureuse Joséphine Balsamo ou Dolorès Kesselbach, par exemple ! 🙂

    • ça me donne des idées de Chroniques! j’aime aussi les méchants ambigus, qui peuvent avoir aussi de bonnes raisons d’être méchants, ou alors qu’on aime dans leur cruauté (le Talentueux Mr Ripley, ou Dexter par exemple!)

  3. Oui, le Moriarty de Doyle est pâlot ! On lui attribue des tas de trucs, mais on ne le voit jamais avant, on sent bien qu’Arthur a vite sorti un grand méchant de son chapeau pour se débarrasser de Holmes fissa.

    La BBC nous a fait un méchant digne de ce nom; la vraie Némésis de Sherlock, un méchant qui joue au bandit, qui a des ramifications, bref, le méchant était réussi, ce qui fait que tout le reste est réussi.

    Pire, quand ado j’avais lu « la vallée de la peur », je ne comprenais plus rien avec Watson qui le connait alors que dans dernier problème, le connaissait pas !!

    • oui, ce n’est pas la seule incohérence de Mr. Doyle ! il en a fait de belles !
      Je ne sais pas encore ce que donne la saison 3 de BBC Sherlock, mais je leur serais toujours reconnaissante pour un Moriarty digne de ce nom !

      • Je pensais que nous avions encore la BBC One (en Belgique, on capte la BBC), mais on a la BBC 3-4-5-world, mais pas la One ! Un comble et l’expat schield ne m’a pas permis de voir l’épisode sur la PC, BBC diffusait pas dessus !

        Je peux le voir le 3/1 sur BBC 3, mais tout en anglais, rien comprendre je vais.

        Me restera les sites pas légaux !!! 👿

      • Le DVD de la saison 1 ou 2 ??

        Heureusement qu’avec le Net, nous surfons et que nous ne plongeons pas !

        Là, on atterrirait dans le Deep Web ou le Dark Web… Très peu pour moi !

      • le DVD de la saison 3 (je parle Anglais, donc je peux commander sur amazon.uk). Mais il faudra quand même que j’attende le 23 janvier !

      • Oups… oui, c’est vrai, tu speak bien l’anglais et tu le whrite aussi.

        Moi ? Nada ! Mais j’ai trouvé le lien en fichier Torrent pour l’épisode 1 de la saison 3 et waw, waw, waw ! Les auteurs sont intelligents, ils jouent avec nous d’une manière, tu peux pas t’imaginer.

        J’ai bien ri !

  4. En effet, le Moriarty de la série Sherlock est vif et détestable à souhait. Il nous donne un vrai méchant tantôt drôle, tantôt ingénieux et machiavélique. Très belle article. 😉

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